Le dernier-né de Square Enix arrive dans les bacs début septembre : Dissidia, le jeu de combat mâtiné de RPG est plus qu'attendu par les fans. Fait suffisamment rare pour être noté, son OST sort en Europe à la même période. À jeu événement, bande sonore d'exception ?
Force est de reconnaître que Dissidia table autant sur ses qualités intrinsèques que sur l'impact du facteur nostalgie pour faire son fond de commerce. Et il en est clairement de même pour l'OST. Si l'on peut déplorer qu'une partie des cinquante-cinq pistes ne soit que des reprises non réorchestrées des musiques d'origine (une dizaine de pistes couvrant des morceaux de FFIX à XII), l'ensemble reste un exercice - presque - original, et surtout fort périlleux. Aux côtés de Tsuyoshi Sekito (compositeur entre autres de The Last Remnant et qui a participé sur Dissidia), de Keiji Kawamori (avec lequel il avait travaillé sur l'OST de Crisis Core) et d'autres, Takeharu Ishimoto fait partie de cette nouvelle vague de compositeurs de jeux vidéo japonais, appréciant mettre une certaine forme de « punch » dans leurs travaux, à l'instar du groupe The Black Mages, fondé par Nobuo Uematsu. Dans le cas présent, Ishimoto fait face à un défi de taille, en ce qu'il doit réorchestrer certains des morceaux les plus emblématiques de l'ensemble de la saga Final Fantasy. Dissidia étant un jeu de combat, la majorité des pistes proposées est donc une sorte de compilation de compositions illustrant les affrontements de ces RPG. Celles-ci étant fort nombreuses, la simple étape du choix s'avérait ardue, et pouvait provoquer une polémique auprès des fans (au même titre que le choix des personnages !).
Et force est de reconnaître qu'aucun - ou presque ! - morceau emblématique ne vient à manquer à cette compilation. Ishimoto déploie à chacune des réorchestrations un talent évident pour arriver à la fois à respecter le travail de Nobuo Uematsu, à qui l'on doit les compositions originales, et à la fois à apposer sa propre patte. Ajoutant des cordes dans une façon qui peut évoquer Crisis Core dans un remix d'une musique de FFI, jouant sur des effets de cassure, se régalant à mettre en avant des cloches d'une façon audacieuse (qui renvoie indirectement à la fabuleuse OST de The Last Remnant, la piste a d'ailleurs été réorchestrée par Sekito), Ishimoto redonne une seconde jeunesse à nombre de morceaux, ne commettant que peu d'erreurs de jugement. Même si un Clash on the Big Bridge ne se différencie que peu de sa version Black Mages et que sa version de Tina est aussi exceptionnelle que bien trop courte, il parvient à chaque instant à créer quelque chose d'encore plus remarquable qu'une simple série de bonnes réorchestrations : il parvient à donner une unité à l'ensemble de ces compositions. Certes, qu'elles soient issues des travaux d'un même compositeur facilite la tâche, mais les différences d'ambiance entre les différents jeux transformaient cette tâche en véritable exercice d'équilibriste. Il convient cependant de passer outre sur les compositions chantées inédites (qui donnent clairement dans le très oubliable). De même, les compositions entièrement originales sont globalement éclipsées par les thèmes forts et mythiques de l'OST (même si l'on peut sortir du lot quelques pistes, notamment le guerrier Dissidia-Menu ou le surprenant March) et nécessitent plusieurs écoutes pour être appréciées à leur juste - et importante ! - valeur. Malgré tout, l'ensemble s'avère extrêmement réjouissant de bout en bout. Même s'il faut reconnaître que l'évidente force de la nostalgie a un impact tout aussi évident à l'écoute, il faut tout autant saluer le travail d'Ishimoto, fidèle et personnel à la fois dans l'exercice.
A noter que certaines pistes ne sont disponibles que via le jeu lui-même, accessibles en bonus. On y trouve notamment le fameux thème Dancing Mad, du combat final de Final Fantasy VI.