La mode étant au revival 70's, le cinéma fantastique n'allait pas se priver bien longtemps de l'influence de Juan Ibanez et de ses Révoltés de l'an 2000. Quelques mois après Vinyan de Fabrice du Welz, The Children surfe à son tour sur le concept hautement évocateur des enfants tueurs.
C'est peu dire que le film de Tom Shankland (Waz), bâti sur un script maintes fois réécrit de Paul Andrew Williams (Bienvenue au Cottage), s'ouvre pianissimo. Le premier acte, linéaire et enchaînant consciencieusement les champs / contre-champs, expose une situation on ne peut plus quotidienne, soit un couple avec enfants rejoignant frères, oncles et cousins dans une maison de la campagne britannique pour le week-end de Noël. Avec une maîtrise redoutable du montage, Shankland choisit de pervertir son ambiance par touches subtiles, tels ces inserts inconfortables mettant en exergue les agissements bizarres des loupiots durant un repas de famille riche en contrastes. Dérangeant, car renversant progressivement la normalité de la scène, le procédé accompagne avec une belle fluidité l'inexorable glissement vers le fantastique. Dans sa mise en place en crescendo, The Children convainc au-delà des espérances. Dommage que ce qui suit soit loin d'être à la hauteur.
Dans sa seconde partie, The Children vire au slasher pur et dur, et épouse les codes les plus ancestraux du genre. Se confortant dans une succession de mises à mort terriblement classique, qu'est censée compenser l'identité de ses croque-mitaines, Shankland pêche par excès de confiance. L'argument « rentre-dedans » des enfants tueurs s'en voit dès lors considérablement diminué, la narration préférant céder aux frissons faciles plutôt que d'affronter avec humanisme l'horreur de la situation. Il suffit de comparer une scène inoubliable des Révoltés de l'an 2000, où le héros descendait un jeune assaillant d'une balle dans la tête, et une séquence analogue dans The Children pour saisir toute l'immaturité de l'actuel projet. Chez Ibanez, le geste menait à un douloureux échec, et ne faisait que reculer l'inexorable perte de l'espèce humaine. Chez Shankland, la manière est plus importante que la signification, l'acte appelant de par une construction scénique clairement cynique les gloussements d'un public de festival. On n'osera pas prétendre qu'on n'a pas le droit d'être drôle quand on aborde une telle imagerie (cf. Braindead), encore faut-il éviter de mettre en place pendant près d'une heure son drame avec un premier degré inébranlable...