Qui a déjà vu l'affiche française de Daybreakers risque d'avoir la furieuse envie d'esquiver méchamment sa sortie. Dommage, sous un mauvais montage Photoshop et une accroche ridicule se cache une petite péloche courageuse.
Peut-on encore parler de vampires de nos jours tout en amenant une once d'originalité ? Une question sérieuse à laquelle la saga Twillight a répondu en mettant en scène de jeunes éphèbes le poil brillant et l'œil humide. D'une certaine façon, Daybreakers est l'anti-Twillight. Ne serait-ce que parce que le fil tendu du genre (la sexualité, l'érotisme et la séduction) est immédiatement évacué par l'image d'un vampire clodo réclamant un peu de sang pour survivre. Ayant déjà tâté du zombie dans le trop Z Undead, les frères Spierig ressortent de leur cabas les bonnes vieilles ficelles du papa Romero, en usant du mythe vampirique comme révélateur des dérives de la société capitaliste. Ici les suceurs de sang fleurent bon le golden boy ultralibéral, tandis que leur version animalisée (due à un manque de sang) et les rares êtres humains font officie de parias, de main-d'œuvre et d'esclaves. Autant dire que malgré la sympathie que l'on peut avoir pour ce message pas du tout sous-jacent, la subtilité n'est pas forcément de mise. Mais les deux frangins ne prétendent pas créer l'œuvre politico-philosophique du siècle, contrairement à deux autres « brothers » célèbres.
Sans doute les Spierig aiment-ils trop la série B pour cela. Car sous son apparence de thriller d'anticipation un brin clinquant dans son illustration d'une cité glacée, habitée par des infectés tirés à quatre épingle, Daybreakers joue la carte d'un film d'action nerveux. Une fois passée l'installation nécessaire à la crédibilisation de ce nouvel environnement, le long-métrage ne se préoccupe plus que de l'affrontement entendu entre la résistance humaine et l'ordre établi, et la dispersion d'un « curieux » anti-virus. Là, le duo de réalisateurs fait preuve d'un réel talent pour mettre en images quelques face-à-face nocturnes à la manière d'un bon vieux western, quitte à lorgner régulièrement du côté du Vampires de Carpenter. On a connu pire référence. L'œuvre présente tombe tout de même plus volontiers dans quelques dérives gore assez rafraichissantes, à côté desquelles on est toujours aussi surpris de voir évoluer des acteurs comme Ethan Hawke, Sam Neill ou Willem Dafoe. Une production des plus honnêtes, pleine d'énergie et proposant un point de départ parfaitement original font de Daybreakers une bonne petite surprise même si, au détour d'un mouvement de caméra, d'un effet spécial ou d'un final un peu foireux, on sent le Z pointer à nouveau son nez.



