Cinquième film des studios Disney, Bambi en reste l'une des productions les plus populaires et les plus réputées... mais aussi l'une des plus décriées pour sa candeur naturaliste. Petit bijou d'animation, le film est pourtant bien loin de la stérilité et du politiquement correct qui lui sont souvent reprochés.
« De tous les films que j'ai pu faire, Bambi a été le choix le plus heureux. Je ne vois pas d'histoire ou de sujet qui puisse toucher les gens davantage. » Walt Disney
Une fois Blanche Neige finalisé et l'engouement mondial consommé, Walt Disney aurait pu se contenter d'enchaîner directement sur d'autres contes de princesses. Mais plus qu'un producteur attiré par le gain facile (il avouera en fin de carrière n'avoir jamais eu plus que 2000 dollars sur son compte en banque), Disney était surtout un homme exigeant cherchant à dépasser toutes les frontières de l'animation. L'homme enchaîna ainsi avec Pinocchio, Fantasia (sûrement l'œuvre d'animation la plus ambitieuse jamais tournée), Dumbo et finalement Bambi. Ce dernier, un projet qu'il chérissait depuis longtemps déjà, fut difficile à mettre en place. Car en dépit de toutes les avancées techniques découvertes par le studio, Bambi se devait de proposer un traitement plus réaliste dans les décors et la morphologie des personnages que les visions cartoonesques explorées auparavant. Des années de travail, des heures d'observations des animaux, la fabrication d'une caméra multiplane (permettant des effets de profondeur renversants) furent nécessaires pour aboutir à ce superbe spectacle vénérant la nature et mettant à l'honneur le royaume animal. De petits héros légèrement antropomorphisés et parlants, mais touchant le coeur du public par leur traitement animé, fourmillant de détails plus vrais que nature (Bambi qui apprend à se tenir debout, Panpan qui frappe du pied, un rongeur faisant sa toilette...) et habitant avec douceur un décor aux teintes inspirées, voire impressionnistes.
Techniquement Bambi brille de la maestria des premiers longs-métrages du studio, jouant des contrastes par touches, alignant des effets spéciaux aussi discrets que révolutionnaires et culminant dans une fluidité rare. Mais outre la beauté inattaquable des images, Bambi est aussi un récit initiatique splendide, volontairement anecdotique et universel, un éveil au monde sous la forme d'une célébration de la vie et de la nature proposant autant de petites séquences adorables qu'un arrière-plan plus cruel, apte à alerter le jeune public vis-à-vis de la moralité et du pouvoir destructeur de l'homme. Une tonalité que peine évidement à retrouver le Direct-to-Video Bambi 2, dont les images numériques débouchent sur une artificialité graphique impardonnable. Se déroulant durant les quelques mois passés par le jeune faon auprès de son père, le film imagine de nouvelles rencontres et retrouvailles totalement idiotes, et les gags les plus poussifs rivalisent avec des leçons de morale caricaturales du papa cerf. Seul intérêt : la présence au micro de Mr Patrick Stewart (X-Men, Star Trek Next Generation). Certes on dénote un soin évident apporté à l'animation et à des environnements plus poussés que sur les autres « suites » du studio, mais à aucun moment ce Prince de la forêt ne retrouve la beauté simple, le minimalisme narratif du premier Bambi.



