Sorti aux États-Unis en 2007, au moment de la prolifération et du succès des films d'exorcisme, tendance qui d'ailleurs avait gâchée nombre de films ambitieux comme par exemple le Mirrors d'Alexandre Aja, Le Dernier Rite, ou Haunting in Connecticut de son nom de baptême, sort « enfin » en France en ce mois de juin grâce au succès de purges innommables au cinéma et en DTV telles que Le Rite, Devil Inside, etc. Inutile alors, de dire que l'on serait bien passé d'une telle sortie, surtout lorsque l'on voit à quel point le film est d'une inutilité et d'une platitude cosmique.
Au début le film de Peter Cornwell est pourtant intrigant puisqu'il nous transporte au plus près d'un drame familial, celui du cancer du fils ainé, agrémenté par une pointe de crise sociale, deux éléments à la fois crédibles et tout à fait d'actualité réussissant à créer immédiatement une empathie entre les personnages et le spectateur. De la même façon, le fantastique du film est au début intelligemment géré vu qu'il s'intègre aux symptômes de la maladie du jeune homme, laissant ainsi planer le doute sur la réalité des évènements surnaturels. Mais, c'était sans compter l'ineptie des scénaristes, qui sont loin d'être des lumières, et qui, dès la deuxième séquence et de manière totalement gratuite, ont décidé de révéler que la maison avait « une histoire » et donc que tous ces évènements sont bien réels. La suite se révèle alors être totalement balisée et d'une effarante platitude, enchainant les jump-scare ringards tout en poursuivant une intrigue qui ne s'articule finalement qu'autour des interrogations abscondes des parents sur la folie potentielle de leur fils à l'article de la mort. Et oui, parce que comme par hasard c'est le fils mourant qui est le seul capable d'interagir avec les esprits torturés de la maison, ce que va gentiment expliquer un révérant, joué par l'éternel second rôle Elias Koteas, lui aussi atteint d'un cancer et doué de la même capacité d'interaction avec l'au-delà. Mon dieu quelle originalité ! Bref, le très serviable padre, se porte alors volontaire pour faire le remake de L'Exorciste et sauver ces braves gens des monstrueux esprits, maquillés comme Michael Fassbender dans Blood creek, et ce jusque dans un happy-ending écœurant de bons sentiments.
Cinq ans après la sortie américaine, que reste-t-il d'un tel film ? Finalement, ce sont les efforts qu'il déploie pour être un insignifiant petit mélange de tous les poncifs du cinéma de maison hantée, de films d'exorcismes et plus généralement du cinéma horrifique américain. En effet, tandis que la première séquence rappelle les témoignages surnaturels de Phénomènes paranormaux, puis l'ambiance pesante des Autres, on passe ensuite par Fantômes Vs Fantômes, mais aussi et surtout par Amityville, pas l'original évidemment mais le remake immonde avec Ryan Reynolds, particulièrement lors de la séquence finale ou le jeune cancéreux débarque cheveux au vent et hache à la main pour défier « mano à mano » cette maudite maison. Et malheureusement, ce n'est pas la mise en scène sans saveur ni la musique trop appuyée et agaçante qui relèvent le niveau et réussissent à en faire une œuvre neuve. On note tout de même le soin apporté à la photographie. Toutefois, à coté de films sortis récemment en DTV comme le superbe Don't be afraid of the dark (l'avis en ligne n'est pas aussi entousiaste,ndlr), The Awakening (révélé au festival du film fantastique de Gérardmer 2012), ou encore La Dame en noir, Le Dernier rite fait vraiment pale figure.



