La sortie en coffret blu-ray est l'occasion idéale de revenir sur une saga à succès ayant marqué les années 80 de son empreinte indélébile : la trilogie du Flic de Beverly Hills. Un véhicule de star ayant porté Eddie Murphy aux cimes, mais peut-être pas la saga la plus réussie de son époque...
Eddie Murphy n'est peut-être pas encore une star planétaire, mais il est loin d'être un inconnu lorsque sort le premier Flic de Beverly Hills. Transfuge du Saturday Night Live à l'humour agressif et volontiers rentre-dedans, il a été le sidekick de Nick Nolte dans le 48 heures de Walter Hill, puis la révélation de l'excellent Un fauteuil pour deux, qui marque les débuts de sa relation professionnelle avec le cinéaste John Landis. C'est pourtant un Eddie Murphy confiant et sûr de lui qui prend la tête du casting de ce Beverly Hills Cop produit dans la norme esthétique des glorieuses 80's. Quasi-débutant à la réalisation, le plutôt efficace Martin Brest (futur réalisateur de Midnight Run et Rencontre avec Joe Black) ne fait pas des étincelles, se contentant d'appliquer la formule si chère au duo de producteurs le plus influent de l'époque : Don Simpson et Jerry Bruckheimer. Dialogues hilarants, scènes d'action too much et cabotinage éhonté de la star, voilà pour la recette du succès selon eux. Dans son rôle d'ancien voyou devenu flic frimeur, Eddie Murphy assure le spectacle, son duo comique avec l'excellent Judge Reinhold offrant les meilleurs scènes du film. L'intrigue, elle, stagne au ras du sol, et n'autorise aucune véritable progression dramatique, se contentant d'enchaîner les scènes avec une efficacité toute relative. Tout au plus pourra-t-on sauver les joutes verbales avec le toujours classe Ronny Cox, un thème musical immédiatement identifiable et quelques fusillades gentiment sanguinolentes. « Mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on est l'ivresse », semble dire le public, qui répondra massivement à l'appel de l'entertainment.
Un tel succès ne pouvant rester unique, Tony Scott est appelé à donner suite aux aventures mouvementées d'Axel Foley. Auréolé du méga-carton de Top Gun, lui aussi produit par Simpson et Bruckheimer, le cinéaste anglais investi la franchise naissante avec tout son sens du rythme et de la frime visuelle. Seul des trois opus à bénéficier d'un Cinémascope rutilant, Le Flic de Beverly Hills II surpasse son aîné dans presque tous les domaines. En opposant Axel Foley, de nouveau plongé dans la faune californienne, à un trio de méchants haut en couleur (Jürgen Prochnow, Dean Stockwell et la sculpturale Brigitte Nielsen, on n'est pas chez les boy-scouts !), Tony Scott et ses producteurs-moguls enchaînent les passages obligés (engueulades avec Ronny Cox, fusillades et courses-poursuites) avec une envie d'en foutre plein les yeux qui fait plaisir. Bon, certes, l'intrigue est toujours aussi mince et Eddie Murphy s'en tient au stricte minimum niveau interprétation, mais avec ses couchers/levers de soleil rougeoyants et sa formule éprouvée (une scène d'action toutes les dix minutes, au bas mot), le film finit d'entériner un style, celui de Don Simpson et Jerry Bruckheimer, dont Scott et le futur Michael Bay deviendront les fers de lance.
Assez étrangement, il faudra attendre sept ans avant qu'Axel Foley ne refasse parler de lui. Retrouvant John Landis, qui fait ici ses débuts de cinéastes de blockbuster, Eddie Murphy revient clore (temporairement ?) la franchise qui aura fait son succès. Ecrit par le bourrin Steven E. De Souza (Commando, Die Hard 2), ce troisième opus des aventures du Flic de Beverly Hills vaut surtout pour son décor principal, un parc d'attraction calqué sur Disneyworld, que pour son intrigue, même si elle tente d'offrir une certaine dimension dramatique à Axel Foley. Visiblement peu à l'aise avec les figures imposées de la saga, John Landis se concentre sur les séquences mettant en scène les attractions du parc (une grande roue, une « invasion alien » et un train roulant dans une reconstitution de la préhistoire), donnant au film un surcroit d'humour jamais octroyé par Eddie Murphy, trop occupé à rouler les mécaniques face à un casting monolithique. On peut se réjouir des caméos proposés par le film (John Saxon, bien sûr, et George Lucas lui-même le temps d'une scène inutile), mais le résultat est un peu maigre, surtout quand on pense au réjouissant second opus de Tony Scott. Une fin de règne un peu crispée pour Eddie Murphy, qui s'en ira l'année suivante se ridiculiser chez Wes Craven dans le navrant Un vampire à Brooklyn. C'est bien dommage, car si la revoyure ne lui rend pas forcément justice, la trilogie des Beverly Hills Cop s'impose quand même comme un concentré de ce que les américains proposaient comme cinéma de divertissement dans les années 80. Une sorte de Madeleine de Proust (parfois) mal dégrossie






