Impossible, en théorie, de passer derrière le chef-d'oeuvre de John McTiernan. Trop dense, trop maîtrisé, trop jusqu'au-boutiste dans son traitement de la primalité humaine. En 1990, le très jeune Stephen Hopkins accepte pourtant de relever le défi.
Alors auteur d'un remarquable Freddy 5 (l'une des meilleures suites des Griffes de la nuit, avec les épisodes 3 et 7), Hopkins a l'occasion de prouver sa valeur sur l'une des productions les plus dantesques des nineties. Tel une machine de guerre, le cinéaste saisit sa chance à bras le corps, et parvient à concrétiser l'irréalisable. Non pas que Predator 2 égale en quoique ce soit l'intelligence cinématographique et la complexité thématique de son aîné (sans compter un spectacle faramineux qui reste encore aujourd'hui l'un des clous du genre), mais le long-métrage parvient à saisir, dans les grandes largeurs, ce qui faisait l'essence de la bande de McTiernan. A savoir une contemplation quasi-expressionniste (voir l'emphase portée sur la vague de chaleur qui déferle sur L.A.) d'une violence primitive, une chasse à l'homme inversant progressivement les rapports de force entre les belligérants et le portrait d'une jungle (ici urbaine) prête à verser dans le chaos à chaque instant.
Blockbuster sauvage (Hopkins parvient à faire plus gore que l'original), traverséé de morceaux de bravoure rageurs (le gunfight d'ouverture, l'attaque du métro, le combat final), magnifiquement mis en scène et porté par un casting synthétisant les plus belles pelloches des années 1980 (Danny Glover et Gary Busey, tout droit sortis de L'Arme fatale, Robert Davi clignant de l'œil à Piège de Cristal, Bill Paxton ressortant son jeu de Aliens), Predator 2 frappe fort, et s'adresse avant tout à un public hardcore. C'est dire à quel point l'eau a pu couler sous les ponts, Alien Vs Predator et AVP Requiem (pensés par la Fox actuelle de Tom Rothman) ayant récemment formaté la mythologie de la franchise pour un public de teens américains. Une autre époque ; il y a d'ailleurs fort à parier que l'on ne verra pas de sitôt se concrétiser en salles une telle débauche de S.F. adulte. A moins qu'Avatar de James Cameron nous réserve encore d'autres surprises...