Les crashs d'avions et les équipages totalement disparus des radars ont la cote ces derniers temps, en particulier dans le monde réel. En voici un en tous cas qui se crashe à point, petit frisson du samedi soir pourtant signé par un authentique maîtres es frayeurs.
Réalisateur des brillants et malsains Ju-hon (versions téléfilms puis remakes cinéma), Takeshi Shimizu cultive un rapport très étrange avec le cinéma américain. Sans doute pour éviter que son univers se délite sous la patte d'un yes man local, le réalisateur japonais n'avait pas hésité à prendre les commandes de son propre remake avec l'intéressant The Grudge (couplant son histoire de revenant avec le regard d'une immigrée américaine) avant de se vautrer dans le nanar bordélique dans la suite The Grudge 2. Bizarre, le metteur en scène passe ainsi son temps entre fulgurances traumatisantes et essais auteurisants crispants (Marebito). Nouvelle coproduction entre le japon et les USA, 7500 sentait déjà le décollage raté puisque entamé en 2011, le résultat final mit pas moins de trois ans avant d'être diffusé, laissant entendre par de multiples sources que différents montages (80, 85 ou 97 minutes) existent. Pourtant, malgré un casting intégralement américain, pioché dans quelques seconds couteaux, le script de Craig Rosenberg (Les Intrus, The Quiet Ones) propose un pitch directement dans les capacités du bonhomme: un huis en plein ciel, dans un avion de grande ligne où un étrange esprit vengeur semble s'attaquer aux passagers.
Peu importe que le métrage n'ait pas toujours les moyens de son dispositif (la carlingue en synthèse ne fait pas très naturelle) et que les acteurs campent sans grande conviction quelques stéréotypes du genre (la gothique, l'hôtesse de l'air qui fricote avec le commandant de bord, la bourge gonflante...) ce qu'attend le spectateur ici est un grand moment de flippe étouffant et oppressant. Et sans retrouver l'aspect tétanisant des Ju-hon, Shimizu réussit tout de même à imposer quelques jolis moments bien tendus avec son cadavre en classe affaire qui a tendance à jouer les filles de l'air, des jaillissements intempestifs idéals pour sursauter ou une apparition maline en pleine diffusion d'un célèbre épisode de La Quatrième dimension, particulièrement de circonstance. Des séquences assez plaisantes qui s'associent d'ailleurs à une construction qui cite ouvertement les rouages classiques d'un film catastrophe, entre zones de turbulences bien excitées ou dépressurisation de la cabine. Malheureusement, le plan de vol ne tient pas sur la longueur, incapable de rendre ses personnages véritablement attachant (en gros, on s'en fout), obligé alors pour mettre un peu de piment de forcer le trait du coté surnaturel sans grandes convictions (que vient faire ici la poupée mortuaire?) et surtout installant lentement les bases d'un twist final aussi prévisible que larmoyant. Un petit air de direct-to-video impersonnel, emballé un peu trop vite, qui se laisse regarder quand on a rien de mieux à faire entre New York et Tokyo.



