Maître de Kung Fu légendaire, Ip Man s'est vu représenté sur les écrans de nombreuses fois, principalement ces dernières années avec les interprétations entre autre de Donnie Yen (Ip Man et sa suite) et de Tony Leung (The Grandmaster de Wong Kar-Wai). Que restait-il encore à tourner sur la vie du grand maître ?
Comment arriver à faire un film supplémentaire sur la vie d'Ip Man sans que celui ci ne soit considéré comme le film de trop ? Restait-il quelque chose d'intéressant à raconter sur sa vie pour justifier un nouveau film ? Autant de questions que ce sont très certainement posées Herman Yau et Anthony Wong avant d'accepter respectivement la réalisation du film et l'interprétation du rôle titre. C'est en décidant de ne pas faire d'Ip Man l'unique centre d'intérêt de l'histoire qu'Herman Yau va donner une suite à son Ip Man : La légende est née de 2010. Ce combat final dont il est question dans le titre n'a rien d'un affrontement physique, mais plutôt de l'achèvement d'une vie, d'une carrière et de la transmission du savoir. Faisant preuve d'une grande générosité, contrairement à Donnie Yen (ce qui n'a rien d'étonnant), Anthony Wong interprète un Ip Man toute en retenue, discret, laissant toujours passer ses élèves et sa famille avant lui, une générosité dont l'acteur fait également preuve dans les maigres bonus disponibles sur le DVD/BR...encore une fois en opposition avec les délires mégalomanes de Yen. C'est de ses élèves qu'il est question ici et de leurs évolutions. Mais cette mise en avant de personnages secondaires, bien que généreuse et rafraichissante est aussi le plus gros handicap du film.
Un policier hésitant entre corruption et honneur, de petites frappes aspirant à devenir grands, des femmes dévouées à la cause populaire... autant de personnes ayant voulu devenir élèves du grand maître sans que ce dernier n'ouvre officiellement d'école. Mais à trop suivre les péripéties de chacun, le film ne développe aucun réel enjeu, avec pour seul fil narratif la voix off du fils du maître, racontant le passé de son père. Un choix étrange vu la quasi absence de ce personnage. Les scènes d'action, bien qu'efficaces et fidèles au Wing Chun, restent beaucoup trop courtes et anecdotiques, car ce n'est pas l'orientation que veut prendre Herman Yau. Il va d'ailleurs, à deux reprises, tourner deux très courtes scènes spectaculaires, dans un style virevoltant à la limite du Wu Xa Pian, pour décrire la lecture d'un article retraçant un combat d'Ip Man et de ses élèves. Une façon de casser cette image mythologique instaurée dans les films d'art martiaux et de montrer de façon plus terre à terre la réalité. N'oubliant pas de tomber dans le fan service en ouvrant et clôturant son film sur des scènes avec Bruce Lee, IP Man : Le combat final a beau être assez déséquilibré, manquer d'intérêt et être pauvre en scènes d'action spectaculaires, il n'en reste pas moins un film avec un certain charme, en partie pour sa reconstitution historique et fidèle du Hong Kong des années 50 et 60 et son choix « d'imprimer » la réalité plutôt que la légende. Un choix en somme à l'opposé des films avec Donnie Yen, qui s'apprête à sortir le troisième de sa série, centré sur la relation du maître avec... Bruce Lee.




