La même année que Deux salopards en enfer (dispo dans la même collection), Klaus Kinski change de bord et adopte la défroque du sadique général nazi, attendant de pied ferme le séduisant Gianni Garko et sa troupe de héros, toujours une blague dans la poche, pour un Cinq pour l'enfer des plus décontractés.
C'était toujours comme cela pendant l'âge d'or du cinéma populaire italien, à peine une péloche finie que déjà l'acteur-star embraillait pour le film suivant sans que l'on sache désormais vraiment lequel fut tourné en premier. Klaus Kinski, avouant franchement son inintérêt pour les projets qu'il acceptait passe donc de héros torturé dans l'un à méchant de service dans l'autre, mais étrangement se montre ici d'une sobriété rare. Pas de regard fou, pas de colère incontrôlable, son officier SS est surtout présenté comme un prédateur froid et calculateur, plus occupé à tenter de caresser la belle secrétaire (une espionne) plutôt que de défendre des documents tactiques pouvant changer le cour de la guerre. Chacun ses priorité et vu que la demoiselle affiche la frimousse de la superbe Margaret Lee (Le Bâtard, Coplan sauve sa peau), on a un peu tendance à le comprendre. Cela reste un contexte léger pour un métrage traitant de la Seconde Guerre Mondiale, faisant presque penser au traitement BD d'un Indiana Jones, ce qui n'est que conforté par les tronches réjouies, souriantes et rigolardes des cinq (super) héros américains qui se lancent dans une mission suicide comme d'autres vont en vacances. Entre Les Douze salopards et Mission : Impossible, voici cinq spécialistes, menés par le charismatique Gianni Garko (tout juste sortie de son immense succès Sartana) qui affichent immédiatement leurs différences entre un spécialiste en explosifs, un perceur de coffre, un colosse parlant allemand ou... un taré du trampoline ! Houlà.
Presque une marque de fabrique pour Gianfranco Parolini, adepte des divertissements décomplexés et sautillants, ayant connu de nombreux moments de gloire avec par exemple Les Trois fantastiques supermen, Hercule se déchaine ou bien entendu la trilogie des Sabata. Un touche à tout, mais qui a le plus souvent tendance à transformer sous un certain luxe et un casting clinquant, une tendance à tout transformer en farce, en succession de scènes spectaculaires dénuées de gravité, d'implication ou de scénario. C'est clairement le cas ici puisque si l'on ne peut lui reprocher une réalisation relativement efficace construite sur une succession de scènes d'infiltration, de castagnes contre les petits fachos, d'explosions et bien entendu de gunfights rangés, Cinq pour l'enfer se déroule comme une aventure pour gamins, sans violence choquante ou sensualité visible, se concentrant plus sur les blagues de la bande et leur camaraderie virile que les infamies de l'armée du mal. Pas déplaisant, mais naturellement assez ridicule, tout comme l'utilisation pachydermiques des thèmes musicaux du faiseur Elsio Mancuso, hésitant entre la grosse fanfare pour souligner les prouesses des potos de Garko, ou la mélasse romantique à chaque apparition de miss Lee. En 69 les oreilles devaient être moins sensibles puisque le film fit carton plein à travers le monde, dont à Tel Aviv où il est resté plus d'un an à l'affiche !



