Après la surprise créée par la refonte de Massacre à la tronçonneuse, il ne faisait aucun doute qu'au milieu d'une vague de remakes annoncés, le destin de Jason Voorhees, le croquemitaine au masque de hockey, allait connaître un coup de neuf. Une révolution annoncée qui, hélas, tourne rapidement en eau de boudin.
Pourtant c'est bel et bien le même Marcus Nispel (Pathfinder) qui après s'être approprié le malsain chef-d'œuvre de Tobe Hooper se voit confier les rênes du nouveau Vendredi 13. Entamé en 1980 sous l'égide de Scean S. Cunningham (producteur de La Dernière Maison sur la gauche), la saga a depuis connu de nombreux rebondissements (onze films, rien que ça), parsemés de meurtres sanglants en tout genre, d'un passage par la projection en relief, d'une transformation en mort vivant pour notre chasseur de teenagers, d'un voyage dans l'espace et même d'une rencontre désespérante avec Freddy Krueger. Difficile donc dans l'idée de concevoir un remake puisque la saga reposait déjà sur une redondance jusqu'à l'épuisement des mêmes ingrédients (d'où l'auto-parodique Jason X), ni même de tourner un nouvel épisode officiel censé relancer la licence sur de nouvelles bases, puisque le concept même repose sur sa bêtise assumée. Ca tombe bien, le réalisateur n'a manifestement pas su choisir. On retrouve donc ici la même troupe d'adolescents obsédés par le cul et l'alcool, les habitants locaux qui font mine de ne rien savoir, le tueur agacé d'être dérangé dans sa retraite et les victimes qui tombent à la pelle. Si l'on excepte l'ouverture foirée filmant une nouvelle fois la mort de la mère psychopathe et la découverte du masque mythique (hop il le trouve par terre, comme si de rien n'était), on tient bien là le douzième épisode des aventures de Jason, monstre sacré du popcorn movie sanguinolent.
Rien de bien neuf à l'horizon et même pourquoi pas une mise en scène habilement construite et une photographie (enfin) soignée. Pourtant Nispel choisit de prendre le concept de haut, ajoutant des dialogues se moquant des codes du genre et surtout un Jason aux capacités dignes d'un champion olympique (tir à l'arc à plus de 100 mètres, sprint sous dopants...) voire même possédant un DUT en électronique, et fan de McGuyver à ses heures. Stupide et ridicule. Quitte à se marrer, autant que se soit avec panache, mais malheureusement en dehors d'une donzelle topless qui se prend une machette droit dans le crâne, une vraie scène de fesse et une ado siliconée qui crame dans un duvet, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ca blablate, ça tergiverse et pendant ce temps-là, Jason construit sa maison Ikea sous les directives de môman. Un décor d'ailleurs allègrement pompé sur un certaine Massacre à la tronçonneuse 2 de Tobe Hooper ! Voilà donc un film qui à force de discourir sur ses origines perd tout son souffle et surtout sa nécessaire immédiateté. Un épisode de plus, pompeusement sérieux, à ranger dans les moments les plus faiblards de sa longue histoire (genre à côté de L'Ultime Retour) que L'écran fantastique crédite sur la jaquette du Blu-ray comme suit : « Plus qu'un remake, une renaissance ». Bizarre, ça nous aurait plus fait penser à des funérailles.