L'Heroic Fantasy sur grand écran peut-elle renaitre après l'immense saga de Peter Jackson (oui, on y revient toujours) ? C'est ce qu'aimerait nous faire croire la combinaison musclée entre Universal et Blizzard avec leur adaptation mastodonte de l'univers de Warcraft.
Une saga vidéoludique connue de tous, au moins de nom, qui cumule chiffres de ventes astronomiques et nombres de joueurs délirants si on superpose tous les supports et les genres, que Blizzard voulait adapter au cinéma depuis bon nombres d'années déjà. Créateur du jeu donc, mais aussi coproducteur du film question de rester au plus proches des visions connues des joueurs, avec l'assurance et la promesse de ne jamais trahir le matériau d'origine. D'ailleurs les hardcores de Warcraft, usant leur index en ligne sur World of Warcraft et ses extensions, n'ont pas caché leur engouement, s'émerveillant devant des orcs massifs (extraordinaire travail virtuel d'ILM), les designs des décors et armures, les jeux de lumières lors des effusions de magie, le récit qui s'ancre aux prémisses des nombreuses batailles à venir... Oui mais voilà, Warcraft Le Commencement (le titre français mentant moins sur la marchandise) est censé être avant tout un spectacle cinématographique et non une scène cinématique de deux heures. Là, la cohabitation entre créatures / décors virtuels et acteurs réels perd immédiatement de ses charmes, les costumes flashy et vifs semblent échappés d'une veille production italienne des années 80, tout comme l'essentiel de la direction artistique. Visuellement, on est moins proche ici de l'élégance presque réaliste d'un Seigneur des anneaux ou d'un Willow, que la classe moumoutée de Les Maitres de l'univers ou des adaptations de Dungeon & Dragons.
Assez kitch malgré lui donc, et surtout malgré un aspect technique assez luxueux, Warcraft semble toujours trop brut, trop bourrin, trop raccroché d'une certaines façon aux batailles multi-joueurs et aux héros personnalisés par les gamers. Réalisateur plutôt prometteur ayant fait ses armes sur deux opus de SF maligne (Moon et Source Code), Duncan Jones fait ici office de simple faiseur anonyme filmant le tout avec une absence totale d'ampleur, de fluidité, préférant miser sur un montage cut très prononcé, des champs / contre-champs pas toujours fonctionnels, et des plans serrés censés ajouter du rythme dans un métrage qui en manque certainement. Les quelques batailles qui émaillent Warcraft passent bien souvent à coté de leur potentiel, faisant surtout penser à une dizaine de figurines dans un terrain vague agressés par des lumières fluos, aussi parce que malgré les longs tunnels dialoguées, le récit en lui-même est un mélange d'ellipses incompréhensibles et de surlignages d'enjeux inexistants. Le spectateur n'y comprend souvent pas grands chose, se demande ce que font ici ces acteurs paumés (Travis Fimmel ou Dominic Cooper semblent peu à l'aise)... où alors ne comprend que trop bien, voyant poindre à l'horizon un twist ridicule (et abracadabrant) tout autant qu'une fin ouverte et vieillotte préparant le terrain à des suites indispensables pour donner une quelconque existence à ce « Commencement » qui ne sait jamais sur quel pied se lancer.




