Et de quatre ! Tuer n'est pas jouer (The Living Daylights) marque effectivement l'arrivée d'un nouvel acteur dans le costume trois pièces de James Bond : Timothy Dalton. Un changement de physionomie qui entraîne logiquement une nouvelle orientation pour la série, laquelle tente de séduire un public profane tout en se rapprochant du Bond de Sean Connery.
Roger Moore se montrant désormais dans l'incapacité d'assumer le rôle de 007 (ou alors en chaise roulante, faut voir), la production repart dès 1986 en quête d'un nouvel interprète. Après être passée par Dalton (déjà envisagé en 74), Sam Neil (dont les essais présent sur le DVD sont bluffants) puis par un certain Pierce Brosnan qui sera obligé de se retirer à cause de son engagement sur la série Remington Steele, la production valide finalement à la volée son tout premier choix. Ironiquement, Dalton se retrouve largué dans l'aventure alors que le tournage est déjà entamé. Rien ni personne ne lui facilitera la tâche, l'artiste subissant de plein fouet la comparaison avec Connery et Moore et devant servir de véhicule à l'écran au virage à 180° qu'envisage la série. Se détachant clairement de l'esprit pop de ses prédécesseurs, cenouvel opus se veut plus réaliste, plus sec, plus 90's. Effectivement moins dandy que Moore et moins séduisant que Connery, Dalton se montre particulièrement crédible lors des scènes d'action (qu'il effectue sans doublure) et véritablement convaincant comme « vrai » agent secret. Déambulant les trois quarts du film avec un blouson de cuir en lieu et place du costard habituel, il se montre également d'un romantisme rare avec sa belle, carrément expéditif avec ses adversaires... Avec le recul, ce Bond nouveau ressemble étrangement à celui du récent Casino Royale !
Le film a beau afficher toutes les meilleures intentions du monde, il peine à convaincre par autre chose que l'interprétation de Timothy Dalton qui, on l'affirme, se montrera bien plus intéressant dans son approche du personnage que Roger Moore ou Pierce Brosnan. De nouveau confié à John Glen (Dangereusement vôtre), le 15ème chapitre officiel est sans cesse tiraillé entre les clichés dans lesquels s'est enfermée la licence et une ambition débordante. Pas crédible une seconde dès lors qu'il est question de gadgets, de scènes spectaculaires gratuites (la poursuite où l'étui à contrebasse est transformé en luge est particulièrement ridicule) et de méchants outranciers, le film est un régal dès qu'il montre un Bondnerveux,agressif et calculateur. Jamais totalement convainquant, cet épisode a bien entendu souffert d'une genèse difficile (arrivée tardive de l'acteur principal, scénario réécrit au fildu tournage, budget inférieur aux chapitres précédents) maisla mollesse habituelle du réalisateur n'est ici pas totalement innocente. Véritable brouillon de l'excellent Permis de tuer qui suivra deux ans plus tard et offrira au personnage l'un de ses chapitre les plus matures et les plus violents, Tuer n'est pas jouer est un film bancal. Un plantage qui sera bien trop souvent mis sur le dos de l'interprète principal, paradoxalement son atout majeur.