Attendu au tournant, ce second James Bond interprété par Pierce Brosnan montre enfin l'acteur à ses aises. Un nouveau métrage pas aux goûts de tout le monde, mais un divertissement explosif qui aligne les performances.
Après six ans d'absence l'agent 007 revenait sur les écrans avec Goldeneye et montrait un nouveau visage, celui de Pierce Brosnan. Une belle gueule qui avait encore du mal à convaincre dans un métrage hésitant entre grandiloquence et sobriété. Mais l'acteur trouve enfin dans Demain ne meurt jamais un Bond qui lui ressemble : élégant, séducteur et déconneur. Le second degré est ici constant, comme si ce 007 avait conscience de répéter les mêmes figures imposées depuis des années. Un ton forcément très proche de l'ironie sous-jacente des années 90 ; il suffit de voir à quelle vitesse passe notre héros de la tristesse face à la mort de sa nouvelle maîtresse à une franche poilade, jouant comme un gamin avec sa super bagnole télécommandée ! Bien plus occupé à draguer les filles ou à exécuter des cascades invraisemblables qu'à véritablement enquêter sur la menace qui pèse sur le monde, le Bond de Brosnan est un voyou, un sale gosse qui s'amuse de cet univers stéréotypé où le méchant mégalomane perd cinq minutes à lui expliquer son plan machiavélique au lieu de s'en débarrasser définitivement.
On reproche bien souvent, et à juste titre, aux James Bond de n'être devenu qu'une série de films d'actions américains, des blockbusters parmi tant d'autres, mais on doit bien reconnaître que lorsque cela est bien fait, on prend notre pied ! Et c'est là le principal intérêt de ce Demain ne meurt jamais qui, totalement décomplexé, consiste en une suite de deux heures de scènes d'action plus excitantes les unes que les autres et implique tous les véhicules possibles et imaginables (avion de chasse, voiture high-tech, moto pilotée à deux, sous-marins). Ne se prenant clairement pas au sérieux et laissant à ses acteurs le soin de cabotiner comme des dingues (Jonathan Pryce mérite une médaille à ce petit jeu) ce grand divertissement décérébré, qui au passage présente la toute première James Bond girl capable de mettre notre espion préféré au tapis (incarnée par Michelle Yeoh, forcément),est une série B à gros budget comme le laissait entendre la présence à la réalisation de Roger Spottiswoode (A l'aube du 6eme jour, Le monstre du train, Under Fire). A déguster au second degré donc, avec le cerveau au repos et un gros paquet de pop-corn... Ce qui ne serait finalement pas si grave, si Demain ne meurt jamais ne se révélait pas être le meilleur épisode de Brosnan !