Et de quatre. Moins prolifique que la série Saw, mais jusqu'ici beaucoup plus amusante et populaire, au sens noble du terme, la franchise Destination finale s'essaie, pour son nouvel opus (sobrement intitulé The Final Destination aux States), à la mode du relief. Le principe d'attraction foraine de la saga s'y prêtait, encore aurait-il fallu faire un petit effort...
Ceux qui viendront picorer ici quelques bribes de cinéma en 3D en auront pour leur argent : absolument toutes les séquences de mort violente utilisent l'axe Z, les auteurs s'étant visiblement creusé le citron pour percer la toile de mille et une manières. Un pneu qui fonce sur la caméra, une tête transpercée par un tuyau, un moteur de voiture qui jaillit vers le spectateur, un pauvre clampin coupé en apéricubes contre un grillage, les morceaux de viande semblant tomber sur la scène... Dans l'idée, c'est assez fun. Dans les faits, ça l'est beaucoup moins. Se lançant à corps perdu dans l'expérience de la 3D, du moins selon une définition digne des années 50 (pour du vrai relief immersif, il faudra se diriger vers Avatar), David R. Ellis sert la soupe à ses investisseurs. Quand il ne balance pas des objets contondants à la figure du public (toujours au milieu de l'écran), il met en place des séquences de transition en synthèse usant à l'envi de la troisième dimension. Le problème, c'est que tout autre axe de mouvement semble désormais banni : les côtés n'existent plus, la latéralité est plus effacée encore que dans un film pan & scanné, et la construction des scènes n'a bientôt plus ni queue ni tête.
Incapable de renouer avec l'incroyable séquence ouverture de son Destination finale 2 (à cette démonstration de mise en place répond ici un carambolage de Nascar que l'on qualifiera, pour rester poli, de joliment bâclé), Ellis livre ici le film-gimmick ultime, un produit d'une gratuité et d'une ringardise tellement avouées qu'aucun aspect de l'entreprise ne semble avoir été abordé avec un minimum de sérieux. Dur de voir à quoi en sont réduits les "personnages", vagues reflets de l'image que les producteurs hollywoodiens se font de la jeunesse américaine. Campés par de faux acteurs voués à une carrière éclair, ces archétypes se fondent volontiers dans une logique purement consumériste. Ces yuppies en devenir, qui traînent de centres commerciaux en multiplexes, sont éclairés par Ellis sous deux angles émotionnels tout au plus (peur / tristesse, soulagement / joie), ce qui donne lieu à quelques séquences de dialogue au cynisme intolérable, car dépassant le confort du simple clin d'œil complice. Les détracteurs du slasher prétendront sans doute que le genre n'a jamais soigné ses interprètes et protagonistes ; on leur renverra les exemples de Johnny Depp, Heather Langenkamp, Patricia Arquette ou Lawrence Fishburne, révélés par le genre dans les glorieuses eighties. Ces années 80, que l'on a bien souvent caricaturées à tort, savaient au moins nous prodiguer un minimum d'identification et de suspension d'incrédulité. Et quitte à verser dans une nostalgie un peu réac', on préférera toujours les effets gore bricolés à l'ancienne de Yagher & Co aux meurtres numérico-surréalistes de ce très évitable Destination finale 4.



