Présentés il y a quelques mois comme un projet Kisskissbankbank accompagné du livre de Claude Gaillard Retour vers les futurs et de quelques goodies (T-Shirt, posters...) les illustres Exterminateurs de l'An 3000 et Atomic Cyborg se rappellent à nos bons souvenirs, survivants lointains d'un cinéma bis qui piquaient à tous les râteliers pour notre plus grand plaisir.
Ayant épuisé tour à tour les filons du western, du peplum, du giallo, du polar et de l'horreur rapidement gore, le cinéma italien n'a plus d'autre choix en ce début des années 80 de se tourner vers d'autres modèles : la science-fiction, l'action post-apocalyptique et l'actionner massif. Deux problèmes cependant, ces genres sont d'autant plus couteux que les effets spéciaux ont fait de formidables bonds en avant aux USA et que la télévision poubelle ritale (merci Berlusconi) est en train d'anéantir les dernières sociétés de production. Comme si ça allait les arrêter ! Comme le rappelle Sergio Martino dans l'interview proposée en supplément, c'est comme toujours la débrouillardise du technicien italien qui vient au secours du genre, lui permettant de s'inspirer largement des derniers succès en date pour en donner des versants certes beaucoup moins inspirés, plus bas du front, mais indéniablement divertissants, funs... que ce soit au premier comme au second degré. Et en l'occurrence Les Exterminateurs de l'An 3000 et Atomic Cyborg, respectivement réalisés par Giulinao Carmineo (Django arrive, préparez vos cercueils, Ratman...) et Sergio Martino (Toutes les couleurs du vice, Torso, 2019 après la chute de New York) soit deux artisans aussi prolifiques que sérieux (enfin surtout le second), sont deux exemples parfaits de cette méthode et connurent des succès équivalents dans les vidéoclubs puis les rayons promos vidéos sous des titres divers et très variés (voir des fois c'étaient d'autres films dans la boite).
Ainsi le premier est ni plus ni moins qu'une copie presque conforme du fabuleux Mad Max 2 de George Miller, invoquant à son tour une terre transformée en désert, courant après les dernières réserves d'eau, au milieu duquel débarque un antihéros désabusé qui va épauler temporairement une petite communauté contre un vilain chef de guerre grimaçant. Vieille caisses hérissée de piques, tenues cuirs et à fourrures, cascades et explosions à tout va, Carnimeo (plus connu sous son pseudo Anthony Ascott) fait du mieux qu'il peut pour donner leur dû aux amateurs et s'en sort souvent assez bien. Il faut bien entendu passer outre un budget à l'économie (dans le futur on s'habille comme des immigrés tchèques et malgré la chaleur les bonnets ont survécus), des acteurs à la limite de l'amateurisme et une tentative lourdingue d'imposer un gamin insupportable et cybernétique pour faire « Amblin ». Du post-nuke comme on en fait plus où, à l'instar du suivant Atomic Cyborg, les considérations écologiques ne sont qu'un ingrédient parmi d'autres, un simple élément du décor bazardé sur l'hôtel du spectacle bis.
Plus apprécié encore que l'essai de Carnimeo, Atomic Cyborg a réussi le miracle d'être pratiquement aussi cultes dans certaines contées reculées qu'un certain Terminator. Amusant, mais pas forcément mérité, puisque le film est un énorme rip-off du classique de James Cameron (jusqu'à la fameuse scène du bras à nu) mêlé à un soupçon de New York 97 et... une sacrée dose de Over The Top. En l'occurrence, ce qui commence comme une illustration d'une cité moderne au bord de l'implosion et un cyborg futuriste (mais ne venant pas du futur, nuance) qui refuse au dernier moment de mener sa mission d'assassinat jusqu'au bout, glisse rapidement vers un film d'action burné dans une taverne au milieu de l'Arizona avec des duels de bras de fer. Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone en un ! En voilà un lourd héritage pour le pauvre Daniel Green, alias Paco, manifestement en pleine crise de constipation. Si on y ajoute une romance exacerbée avec la gentille propriétaire des lieux, de la castagne de poivrot avec le toujours impressionnant George Eastman (Anthropophagous), une enquête policière surréaliste (« Alors ce serait... un tueur bionique ! ») et un duel final au laser avec un John Saxon payé à la minute, le résultat est aussi improbable, chaotique, qu'absolument irrésistible. Toujours à la lisière du gros nanar qui tache sans jamais y tomber totalement, Atomic Cyborg est effectivement un classique... euh en son genre.



