Six films, un jeu, des mangas.... The Grudge concurrence méchamment l'autre série horrifique à succès nippone : Ring.. Mais comme son petit camarade, son passage sur le terrain américain ne s'est pas fait sans heurts.
La saga The Grudge est une œuvre protéiforme. Initiée sous la forme de direct-to-video gravement fauchés mais bourrés d'idées par un tout jeune Takashi Shimizu (Marebito, Réincarnation), les deux premier Ju-On (titre nippon) ont eu le loisir de revenir sous la forme de remakes flippants pour le cinéma... Puis dans des versions mi-remake mi-chapitres originaux produits pour le marché américain, avec un premier opus des plus pertinents quant à la rencontre Orient / Occident. La série est pour le moins singulière, puisque jusqu'ici chaque épisode était dirigé par le seul et unique Shimizu. En soi The Grudge 3 est un mini-évènement puisqu'il marque le retour de la licence dans le marché de la vidéo, mais surtout la passation de pouvoir à un nouveau réalisateur. L'artiste original ayant montré de lourds signes de fatigue avec The Grudge 2, cela paraissait indispensable. Bon, de là à confier l'affaire à Toby Wilkins, responsable d'un Splinter considéré par beaucoup comme le pire film de Gérardmer 2008... Un choix curieux, mais au moins il semble s'être calmé pour son second essai.
S'écartant volontairement de la construction en chausse-trape et des intrigues à tiroirs chères au japonais, Wilkins tente d'installer une tension plus classique. Caméra lente, séquences qui prennent leur temps, personnages plus fouillés... Un travail à l'américaine certes, plus propret, un peu fauché parfois (le maquillage des fantômes est bien trop visible) mais qui fait l'effort de l'alternative. Du moins dans sa première partie, puisque responsable d'un cahier des charges assez lourds, le réalisateur se sent obligé dans la seconde moitié de lâcher les fantômes vengeurs de Kayako et Toshio à tout bout de champ, quitte à sabrer définitivement l'effet de peur et de surprise. Concentré dans un seul et unique bâtiment introduit dans le final du précédent opus, The Grudge 3 peine d'ailleurs à exploiter l'efficacité du huis-clos et s'égare même lorsqu'il évoque le Shining de Stephen King avec une possession assez ridicule ou Ring 2 avec un flashback nippon censé expliquer les pouvoirs de fantômette. Un épisode final (on espère) laborieux, pour une série qui a déjà exploré ses meilleurs atouts en long, en large et en travers.

