Jigsaw, le pourfendeur starisé de la série Saw, revient sur grand écran pour une sixième aventure. Hélas déjà peu convaincant au cinéma, cet étalage de charcuteries en tout genre est loin de gravir les échelons qualitatifs sur le petit écran. Bien au contraire...
L'arrivée à la réalisation de Kevin Greutert, monteur attitré de la saga depuis le premier épisode, aurait pu changer la donne, et effacer près de cinq années de Bousemaneries embarrassantes. Sous l'égide de la pompe à fric Twisted Pictures, Saw reste malheureusement Saw et la mise en scène, si mise en scène il y a, se contente d'aligner mécaniquement les codes de la "saga". Montage épileptique, filtres de couleurs criardes, pièces plus stupides les uns que les autres, personnages qui ressuscitent au gré de flashbacks inutiles... Saw VI (on ne fera même pas l'effort de trouver un jeu de mot sur ce titre) n'est qu'une redite de ce qui a précédé, Greutert ne faisant ni meilleur ni pire que les épisodes II à V. Mais après tant de nanars, difficile de faire preuve de la moindre indulgence.
Capitalisant, comme évoqué plus haut, sur la formule de ses prédécesseurs, jusqu'à leur emprunter des décors vides (un tableau de liège, une chaise et un bureau, hop ! on disait que c'était un commissariat !) et une fâcheuse tendance à légitimer les actes de Jigsaw (il venge ici le petit peuple des compagnies d'assurance !), Saw VI touche le fond. Pire, en dépit du génie supposé de son nouveau bourreau (Costas Mandylor, le plus mauvais acteur du monde, est tout de même capable à l'écran de concevoir des machineries abracadabrantes et de traverser Los Angeles en 3 minutes chrono, histoire de ne pas manquer l'éviscération de sa prochaine victime), pas une seule scène gore ne ressort aujourd'hui du lot, comme si le jeu du Torture-Porn à outrance se mordait définitivement la queue. Avec ses sous-intrigues à tiroir (ce qui ne les rend pas plus intéressantes), ses flashbacks dans les flashbacks, ses cliffhangers du pauvre et ses personnages interchangeables, la série Saw s'apparente désormais au plus fauché des shows TV, sorte de rip-off honteux des Experts ou de Bones. A une différence près : là où les scénaristes de la petite lucarne se cassent le tronc à produire 24 énigmes par saison, Twisted Pictures se contente d'un pauvre épisode par an...