Largement moins connu que James Bond, que OSS117 ou Coplan, Martin Stevens alias Super 7 revient au cinéma pour sa seconde aventure Des Fleurs pour un espion, Euro Spy carte postale signé par un Umberto Lenzi encore loin de ses dérives scabreuses... Et c'est pas plus mal.
Quelque part entre la mode du peplum et du fringant western, il y en en Italie, comme partout dans le monde, le choc populaire provoqué par la découverte des trois premiers James Bond : James Bond contre Dr No, Bons Baisers de Russie et surtout le plus pulp Goldfinger. Une nouvelle vision plus musclée, plus spectaculaire et blingbling du cinéma d'espionnage qui donne forcément des idées à nos chers producteurs italiens toujours promptes à ce jeter sur le moindre bout de viande. Et étonnamment, alors que l'on cite souvent beaucoup plus dans sa filmographie ses giallos (Le Tueur à l'orchidée), ses polars (Le Cynique, l'infâme, le violent), ses délires cannibales (Cannibal Ferox) et tristement zombiesques (L'Avion de l'apocalypse), on oublie souvent qu'Umberto Lenzi a débuté sa carrière de réalisateur au tout débuts des années 60 avec une approche d'artisant particulièrement sage et appliqué. Pour preuve ses petits films d'aventures colorés (Sandokan, le tigre de Bornéo) et ses fameux films d'espionnages dont le présent Des Fleurs pour un espion est le dernier. Une seconde aventure d'ailleurs pour un certain Super 7, incarné déjà par Roger Browne (américain à la mâchoire carrée qui aura fait presque toute sa carrière en Italie) dans le bien nommé Super 7 appelle le Sphinx sorti quelques mois plus tôt.
Bien entendu comme le rappelle rapidement Des Fleurs pour un espion, ces variations ritales sont largement moins bien loties que les productions Broccoli, et Lenzi doit ici évacuer poliment l'évocation de quelques gadgets exotiques (le fameux Electroscomètre est vite trouvé et jamais utilisé), pour mieux jouer sur de l'espionnage plus terre-à-terre. Par une petite astuce scénaristique bien sentie, notre homme d'action, tout en charme et en castagne, se lance donc aux trousses de trois agents gênants, ne se rendant pas tout de suite compte qu'il est lui même la cible de cette chasse à l'homme internationale. L'occasion pour le réalisateur de jouer à fond la carte du cinéma carte postale en baladant l'espion pas secret pour un sou de Paris à Genève en passant par un long moment sur les pourtours ensoleillés d'une Grèce particulièrement mise en valeur : bords de mer et temples antiques offrent de splendides paysages à moindre frais. Du cinéma populaire assez généreux donc, sans forcément les épaules suffisamment solides, où malgré le soin apporté aux cadrages, au montage et à la photo, il manque toujours une bonne dose d'énergie pour convaincre. Les bagarres vaguement karaté s'avèrent bien molles, l'enchaînement des révélations tout autant, et seule finalement la délicieuse Yôko Tani (actrice d'origine japonaise habituée à jouée toutes les asiatiques du globe) apporte un peu de piment dans son rôle de vilaine au repentir prévisible. Désuet dans tous les cas, charmant souvent, surtout dans sa mouture doublée en France où nos acteurs hexagonaux semblent parfois se réapproprier le ton décontracté du film en y ajoutant quelques bons mots discrets qui annoncent sans le savoir les blagounes plus modernes d'un OSS 117 réinventé par Jean Dujardin.


