Dernier film simplement érotique de Jean Rollin avant son abandon dans une carrière porno un peu forcée, Bacchanales Sexuelles se voit luxueusement caressé par Le Chat qui fume qui n'hésite pas à le traiter comme un roi. Ou une reine.
Cinéaste française spécialisé dans le bis érotique et fantastique (ce qui en fait déjà une exception culturelle), Jean Rollin ne fut jamais vraiment prophète en son pays, connaissant malgré une réputation grandissante, de grandes difficultés financières. Ses déambulations lentes et éthérées en compagnie de jeunes et jolies vampires lesbiennes ne fait pas suffisamment recette et le réalisateur doit alors se plier aux attentes du moment et opter pour la facilité d'un érotisme plus prononcé avec Jeunes Filles impudiques avant de basculer directement dans le porno sous le pseudonyme Michel Gentil. Simple œuvre de commande produite pour des questions purement pécuniaires, Tout le monde il en a deux, retitré de manière beaucoup plus agressive Bacchanales sexuelles pour sa seconde exploitation, est de manière évidente un film charnière dans la carrière de Jean Rollin, à la fois un basculement et un adieux à cet imaginaire désuet qui animait ses films « traditionnels ». Produit avant tout comme un film érotique, l'essai s'empare donc de toutes les occasions possibles pour multiplier les étalages de chairs roses et les parties fines.
Sophie rejoint Valérie dans cet appartement parisien trop grand pour elle, et hop les accolades s'achèvent en léchouilles profondes. Fred pense rejoindre Sophie et finit par se taper, par inadvertance la seconde. Une bonne vient faire le ménage, a manifestement perdue sa culotte et c'est reparti de plus belle... Un sexe joyeux, sans prise de tête, reflets de ces 70's moins pudiques et de l'amour libre expérimenté par une certaine jeunesse, mais pourtant il est connu que Rollin ne gouttait que très peu ces séquences là, préférant regarder ailleurs le temps qu'elles s'achèvent. Le casting féminin (dont la sublime Annie Belle dans la dernière bobine), particulièrement appétissant et souriant, se démène avec langueur et sérieux, les anatomies étalées sans beaucoup de pudeur (on est souvent à la limite du porno justement) et ces étreintes semblent bien mécaniques, étirées artificiellement, comme les passages obligées qu'elles lui paraissent être. Mais au-delà de cet érotisme poussif, Jean Rollin trouve encore et heureusement matière à jouer avec ses obsessions plus personnelles, construisant cette comédie délurée comme un feuilleton improbable, où très vite un esprit fumeti vient s'inviter à la fête. Comme lorsque les jumelles de La Vampire nue traversent de nuit l'appartement dans des costumes de fantomettes, préparant le spectateur à sa rencontre avec une étrange secte de partouzeurs sataniques vaguement SM dirigé par une impressionnante Brigitte Borghese. Le scénario d'une logique pas vraiment implacable, s'étiole sérieusement laissant plutôt place à l'une de ces rêveries libres et bizarres, l'un de ces fantasmes parsemé de petits délires bis et gothiques, dont Jean Rollin avait le secret.



