Curiosité des vidéoclubs et des bacs VHS sous l'égide Delta Video (nostalgie ?), et alors vendu comme un post-Massacre à la tronçonneuse, Sonny Boy reste une rareté, une bizarrerie hors du temps, enfin déterrée par Extralucid Films.
Sorti très brièvement en 1989 sur les écrans de cinéma américain et parfois même retiré des salles au bout de deux petits jours, Sonny Boy attendait déjà depuis deux ans dans les cartons une petite chance d'éclore. Comme la plupart des acteurs qui ne semblent toujours pas très sûr de ce qu'ils ont tourné, le fameux producteur italien Ovidio G. Assonitis pourvoyeur de film d'exploitations aussi mémorables que Supermen contre les amazones, Tentacules, Madhouse ou Piranha 2, ne savait clairement que faire de cet objet qui pourtant devait lui assurer son entrée sur le marché américain. Mais arrivé trop tôt ou trop tard, cette terrible histoire de rednecks kidnappant un pauvre bébé et le transformant par la violence en animal dompté et dangereux aurait certainement eu plus sa place une dizaine d'année plus tôt. Futur scénariste de Dr Giggles, Graeme Whifler renoue effectivement ici avec une certaine branche du cinéma d'horreur white trash brossant le portrait sordide d'une ville de cul terreux entièrement sous le joug d'un monstre tortionnaire, le massif et écrasant Paul L. Smith (traumatisant en Hamidou dans Midnight Express), et ses potes dégénérés et crapuleux incarnés par le duo Brad Dourif / Sydney Lassick échappés de Vol au-dessus d'un nid de coucou.
Un décor américain oublié, crasseux, poussiéreux entre casses à ventre ouvert et désert aride où nait finalement une créature à la fois dangereuse, inquiétante et terriblement pathétique, partagée entre la brutalité sadique d'un paternel pervers et d'une mère certes plus chaleureuse... mais pas vraiment des plus équilibrée non plus. Il faut dire que cette Pearl n'est nul autre que David Carradine, roi de la série B US et mondialement connu pour sa série Kung-Fu ou les deux deux Kill Bill, ici très à l'aise dans la robe à fleur de ce travelo mal rasé et à la voix roccailleuse. Une bizarrie parmi d'autre, dans un métrage qui va constamment alterner les idées saugrenues (l'énorme Slue qui se révèle peintre amateur, la réserve à objet volée aux airs de Pyramide du Louvres façon abris de jardin...) avec les passages les plus dérangeants s'atttardant sur les multiples tortures et mauvais traitement que celui-ci va subir dont une langue coupée en guise de cadeau d'anniversaire. L'humour n'est y est alors présent qu'en décalage, mais le réalisateur Robert Martin Carroll qui ne reviendra que 11 ans plus tard pour un plus confidentiel encore Baby Luv, marie cet univers abject et malaisant avec une poésie naïve assez décontenançante. La voix off presque normalisante de Sonny Boy qui conte sa tragédie comme une aventure initiatique, l'apparition d'une amoureuse rose bonbon, l'omniprésence des mélodies mélancoliques lourdingues de Carlo Maria Cordio (Troll 2, 2020 Texas Gladiator), donneraient presque des airs de légèretés à ce western de fin de race, chaotique, bancal et totalement déglingué.


