Après un double programme remarqué consacré à l'affolante Ginger Lynn, Pulse Video, toujours en collaboration avec l'éditeur américain Vinegar Syndrome, poursuit son exploration du X yankee avec une pépite méconnue, parodie festive de Rocky et consorts.
Stiff Competition marque la fin d'une époque pour le cinéma pornographique au pays de l'Oncle Sam, sur le point d'abandonner les salles pour le marché émergent de la vidéo. Impossible de savoir si le réalisateur Paul Vatelli (de son vrai nom, Paul Carrera) avait senti le vent tourner mais il n'en reste pas moins que son festival de fellations - et toujours plus, parce qu'affinités - se paie des allures de grande tournée d'adieu à la fesse sur grand écran. De par ses « ambitions » formelles, tout d'abord. Non seulement le scénario nous emmène pour une ballade à travers les Etats-Unis et ses grandes villes mais le dernier acte et son fameux grand chelem de la turlutte impose au cinéaste de gérer un cadre bien plus large qu'une chambre à coucher ou un salon avec, pour l'occasion, un grand ring, une foule en délire et une figuration ad hoc. Ensuite, le casting aligne quelques grands noms de l'époque aux côtés de la nouvelle venue Gina (ou Jenna) Carrera : Patty Plenty, Cyndee Summers ou Kitten Natividad (qui fut une égérie de Russ Meyer) se rappellent ainsi à notre bon souvenir côté féminin. Chez les mâles, on retrouve rien moins que Ron Jeremy, John Leslie, Paul Thomas ou encore Peter North. Des icônes, qu'on vous dit ! Enfin, et si l'on peut parler de fond pour un tel film, Stiff Competition ne raconte rien de moins que l'histoire d'une petite nouvelle toute pimpante, une « performeuse » prête à remplacer une génération vieillissante. Une métaphore qui s'ignore ?
Conscient ou non de sa place dans la grande histoire du genre le plus apprécié des onanistes sans frontières, Stiff Competition se distingue du tout venant de l'époque par un ton incroyablement joyeux et ludique, alors même que le SIDA provoquait déjà des ravages dans le milieu. Piratant les mécanismes narratifs de la saga Rocky et de ses imitations (Karate Kid est d'ailleurs sorti la même année que Stiff Competition, simple hasard ou complot facile pour briller en société ?), le film de Paul Vatelli repose donc sur la relation entre une élève et son mentor, sur les intrigues d'avant match et les coups fourrés - au propre, comme au figuré - et les incontournables montages d'entraînement. Tammy écume les clubs libertins des cinquantes états en compagnie de son coach, affine ses techniques sur tous les calibres, reçoit des cours d'anatomie et doit s'échauffer la langue avant chaque session. Quant au morceau de bravoure final, il se partage entre calembours vulgaires d'un Monsieur Loyal trop excité pour son propre bien, éjaculations maousses et réactions hilarantes d'un public qui inclut même un trio de mamies scotchés devant leur écran de télé ! Loin de faire des miracles ou de réinventer la roue, Paul Vatelli emballe son Royal Rumble du cigare à moustache avec efficacité, quand bien même on le sent vaciller dès lors qu'il s'éloigne de l'enchaînement champ/contre-champ, plan large, gros plan et propose le sourire aux lèvres un vrai bêtisier en guise de générique de fin. La pipe, ressort comique insoupçonné ? La même année, le meilleur gag de Police Academy semblait déjà le suggérer.




