Considéré par beaucoup, et un certain Tarantino (il lui piquera le thème musical et les flashbacks traumatiques), comme l'un des meilleurs westerns spaghetti de tous les temps La Mort était au rendez-vous (alias Death Rides a Horse) n'a certainement pas usurpé sa réputation. Un récit de vengeance classique mais définitivement captivant et classieux.
Comme de nombreux petits cinéastes italiens de l'époque, Giulio Petroni semble véritablement s'être épanoui dans le genre naissant du western à l'italienne. Futur auteur des méritants Trois pour un massacre (Tepepa), Un Tueur nommé Luke et dans une moins mesure On m'appelle Providence, il échappe ainsi avec La Mort était au rendez-vous a une première partie de carrière entièrement dédiée à des comédies qu'il considère lui-même comme purement alimentaires. Vrai grand amateur du western classique, il préfère d'ailleurs l'ancêtre américain aux excès graphiques et commerciaux de ses compatriotes italiens, donnant effectivement à son premier essai une tonalité particulière, étonnante justement par une certaine retenue, une violence présente mais assez sobre et surtout un spectacle qui repose fortement sur ses personnages et un scénario bien plus développé qu'à l'accoutumé. Pas étonnant cela dit de la part du solide et inspiré Luciano Vincenzini qui sortait tout juste de ... Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la brute, le truand et qui s'apprêtait à signer un tout aussi passionnant Le Mercenaire. On reconnait fortement sa maitrise justement des icones du western, auxquels il insuffle une intensité particulière et des zones d'ombres ambiguës et complexes.
Comme ici avec le jeune Bill (John Phillip Law un peu fade) transformé en tueur vengeur à la suite du massacre de sa famille alors qu'il était enfant, et le vétéran Ryan (impérial Lee Van Cleef) chasseur de prime impitoyable mais emprunt d'une certaine chaleur. Tout deux lancés aux trousses de la même bande de truands, tour à tour concurrents, ennemis, amis, confidents, partenaires, ils semblent liés par le destin et une clef qui ne se révélera qu'aux derniers instants. Il y a forcément quelques échos de Blondin et Sentenza ici, mais aussi et surtout une sorte de connexion familiale qui grandit de scène en scène, non sans une certaine pointe d'ironie. Un canevas solide et attachant, admirablement mis en valeur par une mise en scène carrée et maitrisée, immédiatement sublimée par une ouverture brutale et gothique avec l'attaque de la famille innocente en pleine nuit et sous une pluie battante, à laquelle viendra répondre un final tout aussi explosif et spectaculaire, gunfight terminal mais ludique dans une ville désertée frappée par une tempête de sable. Deux très grandes séquences quasiment silencieuse qui évoquent l'amour certain du metteur en scène pour le cinéma muet (avec même des échos de slapstick dans certaine éliminations conjointes), et qui réussit effectivement le petit tour de force de conclure brillamment la trajectoire complémentaire des deux anti-héros tout en déversant le lot attendu de fougue virile et de décontraction quasi-burlesque. Pour le lyrisme cependant, il faut bien entendu se tourner vers l'immense partition du maestro Ennio Morricone, mystique, épique et incantatoire qui achève de donner ses lettres de noblesse à cet incontournable classique du western italien.



