Brad Pitt à bord d'un train grande vitesse japonais en compagnie d'une bonne dizaine d'assassins professionnels méchamment allumés, voilà la promesse Oh combien excitante de Bullet Train, évocation soulignée des grandes séries B d'action asiat' ou non d'autrefois. Las, il a fallu que David Leitch joue encore au petit malin.
Ancienne doublure de Brad Pitt sur Fight Club ou Mr & Ms Smith (entre autres) et roi de la cascade et de la chorégraphie made in US (Buffy contre les vampires, Wolverine, Ninja Assassin, Bangkok Dangerous...), David Leitch était passé à la vitesse supérieure en accompagnant son collègue et copain Chad Stahelski sur un certain John Wick. Si ce dernier est resté fidèle à sa saga toujours en cours d'expansion, et surtout à son approche extrêmement rigoureuse et ferme de l'action totale, le premier, après un plutôt sympathoche Atomic Blonde (merci Charlize) à rapidement répondu aux sirènes des grosses licences repoussant encore plus loin la débilité profonde de Deadpool dans un second épisode qui frôle le dégueuli référentiel, et celle pourtant déjà bien entamée des Fast & Furious avec le spin-off gras bras & bas du front Hobbs & Shaw. Du cinéma Fast Food vite mangé vite évacué auquel malheureusement, on ne peut que rattacher son dernier rejeton, où la formule est à peu de chose près toujours la même. Un défilé de personnages caricaturaux tous prêts à s'étriper en prenant la pose, des seconds couteaux rapidement esquissés et tout aussi rapidement éliminés pour certains et une ambition souvent embarrassante d'aller se frotter à la volubilité des premiers films de Guy Ritchtie ou à ceux de Quentin Tarantino.
Les héros sont bavards, très bavards, et tentent de s'imposer à l'écran en jouant sur leurs petites incongruités - le duo Tangerine et Lemon, aka Aaron Taylor-Johnson et Brian Tyree Henry sont ceux qui s'en sortent le mieux - mais sur plus de deux heures la métaphore autour du dessin animé Thomas et ses amis ou les réflexions zen sur le contrôle de soi et l'ouverture aux autres finit inévitablement par lasser. C'est que malheureusement de son concept initial alléchant, et de son espace fermé et typé, Leitch ne sait pas trop quoi en faire préférant le plus souvent singer QT en multipliant les flashbacks et pseudo twists pour le coup inutiles, plutôt que de multiplier les fameuses scènes de castagnes tant attendues. Un John Wick les enquille avec une rigueur métronomique, Bullet Train fait languir le spectateur et les règle la plupart du temps en deux minutes express. Même l'utilisation de l'espace, restreint, et des éléments encombrants le décor, restent très loin de l'art d'un Jackie Chan (au hasard), certes calibrés avec une certaine efficacité mais sans jamais le grain de folie et la frénésie attendue. Pour un duel dans un wagon « silence » plutôt réussi, le reste passe à l'as sous les gros effets gags et le manque évident d'imagination. Bordélique, noyé sous les clins d'œil et les apparitions inutiles de copains, tournant malheureusement assez vite en rond, Bullet Train semble tout prendre par-dessus la jambe et se satisfaire d'un minimum syndical kung-fu / blagues. A l'instar d'un certain Le Secret de la cité perdue tourné en parallèle et réunissant le même trio Channing Tatum (en guest), Sandra Bullock (en confidante vocale) et Brad Pitt, c'est en encore et toujours la star de presque 60 ans qui sauve le navire, composant un tueur malchanceux et philosophe franchement irrésistible et délicieusement charismatique. Un bob vissé sur la tête, un air blasé en toutes circonstances, l'agitation et le bruit extérieurs ne semblent jamais l'atteindre




