Le cinéma d'horreur aime les suites, quitte à détruire l'image des réussites dont elles s'inspirent. Longtemps repoussé pour être remodelé, Cabin Fever 2 arrive à un moment où plus personne ne l'attendait. Un film malade clairement paumé où les belles intentions du réalisateur ne survivent que par bribes.
Premier jalon de la carrière roublarde d'Eli Roth (Hostel 1&2), Cabin Fever était un monument de mauvais goût, de trash craspec et de tortures visuelles où un virus dévoreur de chair devenait plus flippant et horrifique que le plus barré des boogey-men. Succès d'estime et idéal en vidéo club, ce premier essai donna inévitablement naissance à une suite concoctée sans son créateur. Une absence évidente et un virage à 180° en termes de ton et de traitement qui frappe d'emblée. Plus question de jouer sur l'ambiance malsaine d'une petit cabane au fond des bois et la lente dégradation d'un groupe de jeunes adultes très sensible aux MST, le fameux virus fait désormais son carnage lors d'une fête de fin d'année d'un lycée yankee, désormais distribué par une société d'eau minérale pas très regardante sur la source. L'horreur n'est plus viscérale mais potache, Cabin Fever 2 (où il n'y a plus de « cabin ») préférant faire appel à l'humour soiffard d'un American Pie et au gore foncièrement rigolard. Déjà bien stimulés par leurs hormones et une connerie généralisée, les ados-héros passent donc leur temps à échanger des blagues vaseuses entre deux transmissions de fluides : sperme, sang, urine, pus... Tout y passe et le résultat n'est franchement pas ragoûtant.
Problème, le film ne l'est pas plus, ragoûtant, tant il se perd en blagues dégradantes (une grosse est drôle parce qu'elle est grosse) et que l'attendu climax, orgie de viandes en tout genre, se fait bien trop attendre. Les effets spéciaux sont certes très (trop ?) efficaces, mais le film souffre clairement de ses multiples réécritures et remontages. Tout jeune réalisateur (qui a depuis tourné l'ambitieux mais dodelinant The House of the Devil), Ti West prenait le risque de choquer les fans du premier film, mais avait au moins le mérite sur le papier d'offrir un long et vibrant hommage au cinéma sanglant et bisseux du golden age (70's & 80's), s'amusant à citer à chaque plan quelques classiques comme Carrie, Prom Night, Piranha, voire même l'univers de Twin Peaks et toute l'école du Z italien (Virus Cannibale et consorts) avec une jovialité communicative. Une envie qui se ressent tout autant dans la photographie colorée que dans la construction de ses plans en un cinémascope structuré. Pas sûr du coup que les sautes scénaristiques, la réduction des personnages à de simples caricatures et les nombreuses dispersions narratives soient de son cru. Entre des scènes comiques mal écrites autour de l'adjoint Winston (seul personnage issu du premier film) ou une dernière partie dans une boîte de strip-tease totalement hors sujet, Spring Fever prend un coup de chaud et perd rapidement son potentiel de pelloche pour soirée entre potes. Un director's cut est-il imaginable ?



