En combattant un bon paquet de gloumoutes dans Aliens Vs Predators, entraînant de-ci de-là quelques pertes humaines, les Predators avaient quelque peu égratigné leur mythe. Pas sûr que cela s'arrange avec cette séquelle tardive.
En 1987, lorsque débarque sur les écrans le Predator de John McTiernan (McT pour les intimes) avec Arnold Schwarzenegger, l'impact est fort et durable. La créature rastaquouère entre dans la légende et devient le symbole de la peur invisible, indicible et abstraite, de celle qui vous hérisse les poils du bras. Il n'était donc pas étonnant qu'Hollywood décide d'offrir aux années 2000 leur propre incarnation du monstre. Nimrod Antal, déjà réalisateur du sympathique Motel et de Blindés, a été engagé pour ce job ingrat sous la tutelle de Robert Rodriguez. Et malheureusement pour lui, le film souffre de la comparaison. S'il y a bien une bonne idée dans le film, c'est celle de départ : créer une sorte de Lost mixé avec les 10 Petits Nègres sur la planète des Predators. De là, il était possible de tirer quelque chose d'intéressant de cette vague aventure mêlant survival et guide des castors juniors pour savoir comment vivre (et survivre) en groupe en utilisant les aptitudes de chacun. Mais le film ne s'embarasse pas de valeurs telles que la fraternité ou l'entraide. Ici prédomine la méfiance et la roublardise. A tort ou à raison, d'ailleurs...
Si le film ne fait pas table rase de l'original, il appuie par contre un peu trop la référence à celui-ci grâce à des citations-clins d'oeil et des résumés grossiers. Antal tente quand même quelques scènes plutôt abouties propices au malaise, notamment celle avec Danny Trejo en appât qui n'est pas sans rappeler le très bon 30 jours de nuit de David Slade. Mais le réalisateur peine à terminer son long-métrage et, semblant manquer d'idées, fait une fois de trop un renvoi au film fondateur, perdant alors en effet de surprise. Le casting, lui aussi, paraît légèrement bancal : en effet, depuis quand avoir une grosse voix et se laisser pousser les muscles rend-t-il un acteur plus crédible ? En prenant la place d'un Schwarzie en pleine(s) forme(s) il y a 23 ans, Brody se casse sévèrement les dents sur les biceps de l'éphèbe autrichien, ne faisant pas le poids une seconde en leader "charismatique" du groupe. Et, d'ailleurs, cette bande d'aficionados de la gâchette souffre également de sa division : leur mésentente et leur individualisme lestent ce film déjà bien lourd. Seul Topher Grace arrive à tirer son épingle du jeu malgré un rôle ingrat, aux dialogues très mal écrits. Reste un divertissement peu ennuyeux et relativement fidèle à la mythologie première. Ce qui n'est déjà pas si mal.


