Nouveau jalon du cinéma de super-héros et production entièrement dévouée au charisme évident de sa star, Iron Man 2 se déguste comme un apéro parfaitement mixé avec un petit arrière-goût métallisé. Mais sous le smart & fun, la machine cache (à peine) un plan de grande envergure.
Autant sacrifiée par des studios aux décisions calamiteuses (au hasard la Fox avec X-men 3, Wolverine ou Les 4 Fantastiques) que popularisée par des visions matures (la trilogie Spider-Man), Marvel a tout de même décidé de reprendre l'avenir de ses adaptations cinématographiques en main. Plus question de fournir ses icones au bon vouloir de quelques producteurs ne connaissant rien au monde des comics, désormais c'est Marvel Studio qui veille au grain. Et dans cette ligne directrice, la licence Iron Man fait figure de modèle. Pas d'auteur à la personnalité bien marquée aux commandes, mais le réalisateur / artisan Jon Favreau (Elf...mouaich) qui a déjà démontré avec le premier opus son amour et sa connaissance d'un personnage qui ne relève d'ailleurs pas forcément de la figure classique du super-héros. Toujours pas de propension au spectaculaire à tout va dans Iron Man 2, mais un même recentrage sur les caractères humains de la troupe. Si la mise en scène se montre tout juste propre et capable de relever un peu le niveau dans quelques scènes d'action somme toute efficaces (le final machines contre machines, l'attaque clinquante de la Veuve Noire), c'est surtout le scénario de Justin Theroux qui apporte le mélange attendu entre une certaine maturité et une décontraction très "Starkienne". Surtout connu jusqu'ici pour le génialissime Tonnerre sous les tropiques de Ben Stiller, le gratte-papier accentue naturellement l'aspect comique de l'entreprise, laissant toute place au séduisant Robert Downey Jr pour jongler avec sa figure de narcissique mauvais garçon et accumule les petits dialogues malins et les séquences manifestement en partie improvisées.
Mais au détour d'un sourire canaille, Theroux appuie aussi les quelques thématiques tout juste effleurées dans le premier film : la filiation, l'héritage, l'aspect autodestructeur du héros (dont une scène qui ressemble étrangement à Hancock), la course à l'armement, le ridicule de l'imagerie militaire, la salvation par la science.... Et tout cela sans jamais tomber dans les messages pontifiants, mais avec une appréciable décontraction. Un Iron Man 2 aux charmes de dandy, en somme. Le film profite d'ailleurs pleinement d'un casting luxueux où s'en donnent à cœur joie le trop rare Sam Rockwell (Moon, Confessions d'un homme dangereux) dans le rôle d'un industriel véreux concurrent de Tony Stark, ou Mickey Rourke en méchant de circonstance. Un casting où viennent également s'incruster Samuel L. Jackson et la sublime Scarlett Johansson dans des figures que l'on pourrait taxer d'anecdotiques. Nick Fury et Natasha Romanoff, deux personnages archi-connus et appréciés des lecteurs de comics Marvel, qui démontrent et entérinent l'ambition nouvelle de ces projets sur grands écran : recréer l'univers partagé des héros de papier avec le futur The Avengers (réunissant a priori Iron Man, Hulk, Thor, Captain America...), d'ores et déjà en ligne de mire. Une évidence mise ne avant par quelques clins d'œil amusants (dont une utilisation toute particulière du bouclier de Cap), mais aussi en construisant un hors champs de plus en plus solide et complexe personnalisé par l'organisation du S.H.I.E.L.D. et de son dirigeant Nick Fury. Alors certes, les épidermiques aux collants lycras (et armures) n'y trouveront pas forcément leur compte et le tournant peut se révéler hautement acrobatique... Mais il faut reconnaître que cette suite des aventures de l'homme de fer se montre aussi classieuse que prometteuse.





