Attendu plus que fébrilement par les amateurs de jeux de plateforme totalement retournés après l'expérience Rayman Origins, Rayman Legends aurait pu souffrir de ses reports, de son passage d'une exclusivité Wii U à des portages plus globaux ou tout simplement de la comparaison avec l'opus précédent. Il n'en est rien.
Pourtant, à la fois retour aux sources remarquable par son exigence et œuvre résolument moderne par ses expérimentations, Rayman Origins avait clairement placé la barre très haute voici deux ans. Et pourtant l'équipe de Michel Ancel (Beyond Good & Evil) n'aura de cesse ici de repousser farouchement le niveau d'excellence déjà atteint. A commencer par le moteur Ubi Art, qui sur des bases identiques, se montre plus pointilleux encore sur la fluidité des animations, l'opulence des détails et des couleurs, les évolutions de textures, les juxtapositions d'éléments voir carrément l'intégration inédite d'éléments 3D (les boss en particulier) sans jamais dénaturer l'harmonie de cet univers de dessin animé complètement frappé. Accroché à la manette, le joueur en prend plein les yeux, subjugué par des niveaux qui défilent avec frénésie, tandis que le compositeur de génie Christophe Heral se livre à des polyphonies sidérantes d'invention, de variations (voir le thème principal réinventé à volonté), percutant la construction des niveaux avec une jubilation constante. Un score inoubliable, qui complète comme jamais l'identité du jeu, en particulier lors de clins d'œil aussi imprévisibles que celui fait à Ocean's Twelve (le casse dansant de Vincent Cassel), où lors des quelques tableaux musicaux osant, par exemple, un Eye of the Tiger à la sauve mariachi. Une direction artistique riche et vivifiante, carrément folle mais parfaite qui se combine forcément à un level design toujours aussi fouillé.
Sans doute plus accessible que son ainé, Rayman Legends n'en réussit pas moins tout au long de ses 120 niveaux de base à mêler constamment une approche simplement divertissante et familiale, à un angle plus gamers dès lors que le joueurs veut dégotter tous les Ptizêtres plus ou moins cachés, et décrocher la coupe d'or en collectionnant un maximum de Lums. Les challenges s'additionnent, se complètent, et les niveaux s'effeuillent forcément très différemment en multi-joueurs (local façon New Super Mario Bros Wii) ou en solo. A ce titre, prévu au départ comme une exclusivité Wii U, le titre en garde de très jolis restes avec ces niveaux réguliers optant pour la coopération entre les joueurs sautillant dans le décor, et un autre résolvant quelques énigmes, déplaçant des sections du décors ou jouant avec les interrupteurs afin d'ouvrir la voie. Un gameplay asymétrique typique de la machine Nintendo un peu moins pertinent avec un pad sur PS3 et Xbox 360, mais particulièrement bien pensé et amusant un Gamepad en main. La préférence de la version ira pour les plus chanceux vers l'originelle Wii U, sans doute aussi parce que le titre permet de jouer avec un Rayman déguisé en Mario (la classe). Mais quoi qu'il en soit, toutes les galettes proposent un même contenu fignolé avec ferveur, bourré d'humour et de petits moments de tensions électriques, et surtout extrêmement généreux entre les 40 niveaux de Rayman Origins (légèrement remaniés et revus à la hausse) à débloquer, les challenges journaliers et hebdomadaires pour concurrencer les joueurs du monde entier, les petites bestioles à collectionner, les personnages jouables à libérer, l'improbable match de Kung-Foot... Il y a largement de quoi faire et surtout empêcher le joueur, totalement fasciné, de décrocher. Du bonheur en boite.





