Devenir un gangster ce n'est pas uniquement mitrailler à tout va la flicaille et les truands adverse mais c'est aussi gérer son empire avec fermeté et prudence. Entre deux rasades de whisky, Empire of Sin délivre quelques leçons de management... à l'ancienne.
Empire of Sin n'est pas le premier jeu vidéo à proposer une exploration des coulisses de la prohibition (qui se souvient de Gangsters par Eidos ?), mais la proposition est suffisamment rare et alléchante pour immédiatement attirer l'attention. Plébiscité au cinéma ou dans les romans, le grand gangster en costume élégant, la sulfateuse dissimulée dans l'étui à violon et le visage marqué d'un belle balafre, a un pouvoir de fascination d'autant plus évident que dans les années 20 il répondait à un durcissement arbitraire des lois (en particulier l'interdiction d'alcool) qui lui donnait des airs de Robin des bois moderne. Dans les faits rien n'était moins vrai et jouant avec les codes attendus, Empire of Sin est loin d'en montrer les contours les plus séduisants, creusant dans le scénario qui accompagne chacun des différents personnages disponibles au lancement du soft, une lente et sanguinaire montée dans les strates du crime organisé. Comme il se doit le « héros » débute tout en bas de l'échelle et devra prendre le contrôle de quelques hangars, rues, puis quartiers, en choisissant à chaque rencontre avec d'autres familles si la meilleure solution est l'alliance (au risque de perdre le contrôle) ou l'affrontement (au risque de perdre la vie).
Classique, tout comme la gestion des différents lieux accaparés, que l'on peut transformer en brasseries frauduleuses, bars clandestins, bordels sulfureux ou casinos plus classieu. Ceux-ci permettront ensuire de faire entrer les billets verts et asseoir son empire. Une offre qui permet quelques mises en place d'organisations plus fluides entre les diverses activités, mais où il ne faut jamais oublier la concurrence et protéger ses structures par quelques gardes et autres dessous de table. Le danger est constant entre la chute de productivité qui fait péricliter tous les petits commerces et bien entendu les voisins trop jaloux qui viendront marcher sur vos plate-bandes.... Ou l'inverse. Empire of Sin se découpe ainsi en deux gameplays complémentaires, avec de nombreux affrontements façon RPG tactique où les mafieux s'écharpent dans leurs bouges en se déplaçant sur une map quadrillée et en se canardant le buffet. D'où l'importance de bien choisir ses acolytes, séduits par votre autorités naturelle et grandissante, votre fermeté mais pas trop, puisque les batailles en elle-même manquent cruellement de tactique et de réflexion. C'est clairement le plus fort, purement et simplement, qui viendra à bout des gunfights, ne mettant que trop de coté les positionnements (couvert ou pas, en auteurs ou pas...) et les petites techniques spéciales. Ces passages sont d'ailleurs le gros point faible du titre puisqu'en plus d'être trop fonctionnels, ils sont terriblement redondants, assez longs et inutilement nombreux. Un peu juste dans le costard donc, malgré une ambiance joliment restituée et une agréable sensation de détenir, très temporairement, les clefs de cette belle et fumeuse Chicago.




