Disponible depuis un an déjà sur la plateforme de téléchargement Steam pour les utilisateurs de PC, Zeno Clash est enfin disponible sur le Xbox Live Arcade pour 1200 points dans une version légèrement améliorée et comportant quelques suppléments. L'occasion ou jamais de voir qu'un FPS peut faire autre chose que nous emmener sur les champs de bataille.
Genre prolifique par excellence depuis la précédente génération de consoles, le FPS se contente la plupart du temps à recaser les mêmes ambiances, les mêmes textures et surtout la même optique purement guerrière. En dehors d'un Bioshock, d'un Mirror's Edge ou des tentatives expérimentales de Valve (Half Life, Portal, Left 4 Dead), les œillères font ici la loi. Amusant du coup que le jeune studio chilien Ace team soit allé faire ses emplettes directement du côté du Source Engine de Valve pour créer l'architecture de son premier jeu. Car tout aussi indépendant, ce dernier a clairement décidé d'explorer des horizons pour le moins inédits. Retrouvant avec ses créatures grotesques et torturées une certaine esthétique de la BD des années 80 (au hasard Moebius, Corben, Caza... Métal Hurlant donc), Zeno Clash fait découvrir un univers entre une préhistoire décadente et un futurisme post-apocalyptique dont la noirceur n'a d'égale que l'utilisation étonnante de couleurs pourpres, sables, verts saturés pour recréer des paysages venus d'ailleurs. Des images étonnantes dont la force est décuplée par des compositions martiales et planantes, dont les sonorités et les effets d'écho rappellent les premiers temps du jeu vidéo sur PC - la bande originale est d'ailleurs téléchargeable gratuitement sur le site officiel. C'est dans ce décorum écorché et mystérieux que se déroule une course effrénée digne du Apocalypto de Mel Gibson, brisant les codes habituels du genre.
Car si le parricide Ghat peut user à maintes reprises d'armes à feu ou autres grenades en forme de cadres, c'est surtout avec ses poings qu'il devra se frayer un passage. Poursuivi par ses « frères et sœurs », par un chasseur de prime ou tout simplement confronté à quelque monstruosités locales, le héros stoppe régulièrement sa course en couloir dans une zone plus élargie, et le gameplay fait le reste. Coups droits, coups chargés, esquives et contre-attaques s'enchaînent le plus naturellement du monde (bien plus instinctif que le gameplay des Condemned), donnant à ce First Person Shooter (sic) les atours d'un jeu de baston dont les cartons « VS » viennent rappeler la parenté. Forcément un brin répétitive, cette structure quasi-mathématique est agréablement étayée par quelques phases d'exploration (visite d'un marais en pleine nuit, par exemple), voire carrément d'une ballade en barque des plus contemplatives. Un rythme haletant qui distille finalement au compte-goutte les secrets de son récit, même si à l'arrivée le jeu, d'origine modeste, ne s'achève qu'en quatre petites heures et laisse beaucoup d'éléments en suspens. Conscient de cette petite réserve (pour 1200 points cela reste raisonnable), l'éditeur complète tout de même le programme avec un mode défi assez corsé, accessible en solo et en collaboration sur le même écran ou en ligne. Un bonus bien bourrin, qui ne reflète pas forcément l'extrême poésie décalée de ce Zeno Clash qui mérite largement une suite.



