Fidèle à son crédo, l'éditeur Artus Films exhume une nouvelle fois une péloche étonnante, en l'occurrence un film d'horreur italien des glorieuses années 60 qui n'avait jamais été visible officiellement en France. Une occasion immanquable de retrouver l'immense Christopher Lee jouer les manipulateurs sadiques et impassibles, et de se délecter de décors hors du commun.
Produit en plein milieu de la mode des grands films d'épouvante gothiques, Le Château des morts-vivants affiche un casting relativement imposant avec le français Philippe Leroy (Portier de nuit, Nikita), la jolie mais peu douée Gaia Germani (Hercules contre les vampires), un Donald Sutherland débutant mais déjà impressionnant dans les doubles rôles d'un trouffion bêta et d'une sorcière, et surtout l'immense Christopher Lee, tout droit sorti des Dracula et du magnifique Le Corps et le fouet. Pourtant, si ce n'est une exploitation italienne, le long-métrage n'aura finalement connu qu'une tardive diffusion télévisée aux USA et gardera toujours le statut d'inédit sur le territoire française. Cette dffusion erratique s'explique sans doute par une coproduction franco/italienne rassemblée centime après centime et par les mystères qui entourent l'identité du véritable réalisateur. Deux sont ainsi crédités (Luciano Ricci et Lorenzo Sabatini) mais au vu du résultat final, on serait plus tenté d'en offrir le mérite au tout jeune Michael Reeves (en l'occurrence aussi scénariste), dont le goût pour l'étrange et une certaine poésie macabre ont abouti quelques années plus tard à La Créature invisible et son chef-d'œuvre, Le Grand Inquisiteur. On est cependant loin ici de ces quelques légendes du genre, mais Il castello dei morti vivi n'est pas dénué d'intérêt, loin de là.
Pofitant d'un casting majoritairement incroyable (encore une fois Sutherland est stupéfiant) et d'un noir et blanc somptueux construit par Aldo Tonti (Les Nuits de Cabiria) cette série B aux effets désuets et au rythme parfois bien lourd utilise à merveille des décors évocateurs et imposants : le château de Bracciano d'un côté (revu dans Chair pour Frankenstein) et surtout les jardins décadents et inquiétants du Parc des monstres de Bomarzo. Un lieu magique et déroutant peuplé de statues gigantesques de créatures délirantes et mythiques, qui fut à de maintes reprises le théâtre de films « autres » (Terrence Malick y a récemment tourné quelques séquences de Tree of Life !), dont le plus bel exemple reste Meridian de Charles Band. Un cadre idéal donc pour rejouer une nouvelle fois la confrontation entre une petite troupe de théâtre itinérante et un diabolique comte, savant fou à ses heures. S'installant placidement dans la thématique des musées de cire, la parenté de Le Château des morts-vivants, qui ne contient au final aucun zombie, serait plutôt à rechercher du côté du théâtre antique avec son oracle, ses personnages comiques (issus de la comedia del'arte), ses deus ex machina et son jeu outrancier dont certains ressorts évoquent certaines mécaniques shakespearienne. A l'arrivée la série B ressemble plus à de l'épouvante incertaine, pétrie d'hésitations et de maladresses, mais aux charmes indéniables.



