Le réalisateur de Saw revient avec un nouveau film d'horreur, produit par Oren Peli, auteur de la belle escroquerie qu'était Paranormal Activity. L'influence de ce dernier, heureusement, est loin de sabrer les meilleures qualités d'Insidious.
Six séquelles honteuses auront suffi à faire oublier que, oui, Saw était à l'origine un sacré film d'horreur, en plus d'une démonstration de manipulation narrative rarement vue dans le genre. Passé depuis longtemps à autre chose, et se plaisant à revisiter des genres hautement codifiés (le film de vigilante avec Death Sentence, le film de fantôme gothique avec Dead Silence), James Wan s'attaque à la figure de la maison hantée avec Insidious. Peut-être un brin opportuniste (il succède de peu à Jusqu'en Enfer, Le Dernier Exorcisme et Paranormal Activity, tous bien reçus au box office international), le film ne cache pas longtemps sa volonté de jouer avec les conventions et les balises scénaristiques les plus évidentes, tous les ingrédients attendus s'entrechoquant progressivement sur l'échiquier du script, d'une séance de spiritisme aux explications farfelues d'une médium, en passant par des portes qui grincent dans l'obscurité et l'incrédulité de certains personnages vis-à-vis des évènements surnaturels. Sur le fond, en dépit d'une idée fondatrice s'éloignant de la religiosité habituelle au profit d'un argument de pure science-fiction (on nous parle tout de même de projection astrale), Insidious ne réinvente pas la roue et aborde avec une humilité et une passion véritables le genre investi. Sur la forme, tout au long de la première heure du moins, James Wan marque en revanche des points indéniables.
On ne vous cachera pas qu'en raison d'un budget anémique (à peine un million de dollars) et d'une dépendance assumée aux conventions du film d'hantise, le dernier acte d'Insidious a de quoi faire grincer les dents, tant dans sa tonalité à la limite du burlesque (pour ne pas dire du grotesque) que dans une mise en image soudainement très proche d'un train fantôme de fête foraine. Ce dur retour aux artifices les plus éculés n'enlève rien à la puissance de la première moitié du film, dont la mise en place du suspense et la gestion de la surenchère (cf. la multiplication à l'envi des fantômes, au point que l'on en vient à se demander de quoi il retourne vraiment) font merveille. Excellant à installer une atmosphère sourde et oppressante grâce à des travellings langoureux et parfois virtuoses (on est ici dans de la mise en scène pure et dure, le gore n'étant vraiment pas le propos de l'entreprise), Wan sait manier ses effets, soulever l'inquiétude du public et amener à point nommé ses chutes horrifiques (en bref, vous allez sursauter une pléthore de fois, après vous être retrouvé happé par l'angoisse et la peur). Impossible donc d'en vouloir outre mesure à James Wan et son collaborateur fidèle Leigh Whannell pour n'avoir pas mené l'expérience jusqu'à son terme, et s'être fourvoyé dans la dernière ligne droite. Les frissons ressentis à la vision des deux premiers actes sont de fait suffisamment rares pour que l'on vous dissuade de foncer voir Insidious en salle...




