La folie du comic book movie continue - et l'on n'en est déjà plus à frôler le film de trop. Super-héros quasiment inconnu en Europe, et traînant derrière lui une réputation d'estime aux Etats-Unis, Green Lantern est l'arme brandie par Warner pour contrer le X-Men First Class de la Fox et le Captain Amercia de Paramount. Droit dans le mur ?
Oui, droit dans le mur, et le pied sur l'accélérateur. Il y a tant de choses à détester dans l'adaptation cinématographique de Green Lantern que commencer à hiérarchiser les tares reviendrait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Méga-production suicidaire de 200 millions de dollars (presque autant qu'Avatar), Green Lantern souffre déjà d'un spectacle anachronique, éparpillé sur trois ou quatre séquences d'action à peine. Des « morceaux de bravoure » reliés artificiellement à l'intrigue, pour lesquels on peine à reconnaître le Martin Campbell de Casino Royale et du Masque de Zorro. Engoncé dans une logistique technologique qui semble le dépasser, le cinéaste aura vraisemblablement avancé à l'aveugle durant la majorité de la production. C'est une chose de valider des dessins de préparation savamment croqués par des artistes chevronnés, c'en est une autre de jongler avec des images de synthèse criardes, plus à leur place dans un clip de Lady Gaga que dans une fresque de science-fiction supposément ambitieuse.
Visuellement abominable (les séquences sur Oa sont à s'écarquiller les yeux), Green Lantern ferait passer les préquelles de La Guerre des Etoiles comme des modèles de conception graphique. Le pire vient malheureusement d'ailleurs, soit d'une incapacité à gérer avec simplicité des enjeux pourtant évidents. Prenant maints chemins de traverse, s'embarrassant un bad guy totalement inutile, qui finira absorbé en une demi-seconde par le véritable antagoniste (quelqu'un pourrait-il nous expliquer la logique de cette caractérisation ?), anthropomorphisant jusqu'au ridicule ses aliens (l'entraîneur qui parle en « Yo » et en « Dude », bon sang !), Green Lantern tombe systématiquement à plat, qu'il s'essaie à une courte scène de complicité entre son héros et son meilleur ami, ou qu'il tente de détourner le rencart entre Clark Kent et Lois Lane au sommet d'un building dans le Superman de Richard Donner. Aux dernières nouvelles, les producteurs déçus par les chiffres au box office (à peine 150 millions de dollars à travers le monde) ont d'ores et déjà annoncé une suite « plus noire », « plus effrayante », plus « edgy » comme on dit dans le milieu depuis le triomphe de The Dark Knight. Chers amis, si cela suffisait à régler le problème...