Deuxième film estampillé Vendredi 13 et premier dont the famous Jason Voorhees est le tueur, Le Tueur du vendredi (quel titre français ridicule !) marque le vrai lancement d'une franchise extrêmement lucrative mais foncièrement inégale (y a qu'à voir le remake). Mais bon, comment résister à une nouvelle fournée d'ados crétins découpés à la mâchette ?
Il fallait s'en douter, devant le succès phénoménal du premier Vendredi 13 (aujourd'hui l'un des films les plus rentables de l'histoire), il n'aura pas fallu longtemps pour que la Paramount commande une suite à sa nouvelle poule aux œufs d'or. Quelques mois après l'original, Sean S. Cunningham laisse les commandes au débutant Steve Miner, ancien assistant monteur de La Dernière Maison sur la gauche, producteur du premier opus et futur réalisateur du sympatoche Halloween H20. Celui-ci doit plancher sur un sérieux problème : comment construire un second épisode alors que le tueur se fait décapiter à la fin de l'original ? Une telle gageure d'ailleurs que le scénariste Ron Kurz s'embourbe dans un imbroglio improbable, transformant la fantasmatique séquence finale de Vendredi 13 en réalité, lui permettant ainsi de faire revenir le fiston retardé d'entre les morts. On se demande alors de quoi la mère se venge dans le premier, mais passons... Apparaît donc Jason, que l'on présente ici encore comme une légende moderne, hantant les rives de Crystal Lake, et dont la présence ne fait que peu de mystère, même si son visage est pour l'instant recouvert d'un élégant sac en toile de jute et non le fameux masque de hockey.
Clairement moins expérimental dans sa mise en scène que l'opus de Cunningham, mais aussi visiblement influencé par le Wes Craven de La Dernière Maison sur la gauche (dont il est à l'origine), Miner entraîne doucement la série vers une forme plus classique. Tout d'abord en reprenant avec délectation le groupe de jeunes moniteurs plus occupés à boire / fumer / copuler qu'à travailler, avec pour la première fois (oh joie !) un bain de minuit tout à fait appréciable. Cadres posés, calibrés, montage efficace mais sobre, ce Tueur du vendredi n'a sans doute pas révolutionné le cinéma d'horreur, mais en livre un rejeton exemplaire et, aujourd'hui encore, bien musclé. Certes nous ne sommes pas encore ici dans les débordements monstrueusement gores des séquelles les plus tardives (genre Jason va en Enfer), mais les effets sont toujours bien sentis et brutaux : égorgement, coup de machette en pleine poire, double empalement en plein coït... Davantage qu'un film bourrin comme on pourrait s'y attendre, Vendredi 13 Chapitre 2 s'évertue à installer une réelle tension tout au long du visionnage, en jouant sur les éclairages, les silences et les apparitions surprises d'un Jason un peu pataud. Une maîtrise que Miner ne retrouvera qu'à de rares occasions, sur Warlock et surtout Halloween 20 ans après, et qui impose clairement toutes les futures figures de la longue vague de slashers américains. Première suite et sans doute l'une des plus réussies, ce chapitre 2 prouve que l'on n'a pas besoin d'un masque qui déchire pour réussir son coup.