Après l'édition, l'année dernière, de The Order et Le Grand Tournoi sur une même galette, Metropolitan Video réédite l'effort et gâte les fans de Van Damme avec cette fois ci deux films réalisés par Ringo Lam. Une bien belle idée, d'autant que la collaboration entre le réalisateur hongkongais et l'acteur belge marqua un tournant matérialisé tout particulièrement par Replicant qui demeure, encore aujourd'hui, une pièce maîtresse dans la carrière du spécialiste du grand écart facial.
L'inspecteur Riley traque déjà depuis un bon moment La Torche, un assassin qui tabasse à mort des mères de famille avant de les brûler. Son enquête s'enlise. La NSA va se rapprocher de lui et lui proposer un partenaire inhabituel pour le traquer : un clone issu du propre ADN du tueur. C'est sur ce pitch plutôt délirant que se bâtit l'intégralité de l'intrigue de Replicant, soit la deuxième collaboration entre Jean-Claude Van Damme et le réalisateur hongkongais Ringo Lam (la première étant Risque Maximum). Un film qui se démarque assez rapidement de toutes les productions dans lesquelles le karateka belge avaient avoiné jusque là. Car si la réalisation nerveuse de Lam reste la même et offre des scènes d'action toujours aussi efficaces, c'est bien du côté de la science fiction et de cette histoire de clone que vient toute l'originalité du film. Et celle d'offrir à Van Damme la possibilité d'y jouer deux rôles très différents. D'un côté, La Torche, un assassin chevelu, tout de noir vêtu, froid et calculateur. De l'autre, son clone, sorte de bébé adulte qui ne connait pas encore le monde que les évènements le poussent à découvrir.
A sa sortie, il y a presque 20 ans aujourd'hui (fichtre !), le film avait clairement marqué un avant et un après dans la carrière de Van Damme, nombre de critiques de l'époque reconnaissant qu'il lui offrait sa meilleure prestation. Et c'est vrai qu'aujourd'hui encore, le spectacle résiste à la revoyure et, dans le genre, se hisse sans mal sur le dessus du panier. La caméra nerveuse de Lam réussit à donner vie à un script plutôt bien écrit (si on accepte ses nombreuses incohérences) et très rythmé. Quant à Van Damme, il s'en donne à cœur joie dans deux rôles très différents auxquels il arrive à donner vie et crédibilité. Une réussite que l'on doit aussi à la présence de Michael Rooker (The Walking Dead, Les Gardiens de la Galaxie), grimaçant comme jamais dans le rôle de l'inspecteur qui traque le tueur et se coltine en même temps son clone, qu'il prend un malin plaisir à malmener. L'interaction entre ces deux personnages doit beaucoup à la réussite du film. Pas un chef d'œuvre donc, mais un très bon concentré d'action rehaussé par une idée de SF bien intégrée (la scène de la naissance du clone, très clairement influencée par Alien est plutôt sympas) et inhabituelle dans ce genre de productions où les gros bras et les baffes prévalent souvent sur le fond de l'histoire.
Kyle Leblanc, employé du BTP, travaille en Russie. Un soir, sa femme est assassinée. Après avoir assisté à l'acquittement de son assassin, il le tue de sang froid et est condamné aux travaux forcés dans une des pires prisons du pays. In Hell est la troisième et dernière collaboration entre Ringo Lam et Jean Claude Van Damme. Le film se démarque assez rapidement de ses deux prédécesseurs par une violence brute que l'on n'a pas l'habitude de voir dans la carrière du Belge. Elle commence par l'exécution de l'assassin de sa femme, incarnée d'ailleurs par l'actrice canadienne Marnie Alton vue dans... Replicant ! Une similitude entre les deux films puisque l'actrice y incarnait une prostituée qui partait à la fin avec Van Damme et qu'on retrouve mariée avec lui au début de In Hell. Une coincidence étrange qui donnerait presque aux deux films une sorte de continuité sur laquelle Metropolitan s'est peut être appuyé pour les réunir sur un même disque (ou pas).
Après avoir exécuté de sang froid l'assassin de sa femme d'une balle en pleine tête (rare quand même chez Van Damme !), Kyle se retrouve donc en prison et le film commence un rapide crescendo dans la violence aidé, bien évidemment, par l'univers carcéral, synonyme de toutes les cruautés et humiliations diverses. S'en suit une succession de scènes de combats bien sanglants jusqu'au paroxystique arrachage de trachée avec les dents. Inédit dans la carrière de Van Damme à l'époque qui, même s'il n'avait jamais fait dans la dentelle, restait souvent sur un sentier bordé, histoire de plaire à des fans souvent jeunes.
La violence n'étant pas une fin en soi, le scénario prend alors une toute autre direction avec l'arrivée d'un papillon (façon John Woo) qui va enclencher une quête mystique qui aurait pu être crédible si elle ne souffrait pas d'un manque de travail dans l'écriture (on peine à croire au soudain revirement non violent de son héros) et surtout de choix artistiques très hasardeux comme le fantôme éthéré de l'épouse décédée visitant son incarcéré de mari. Entouré d'un festival de tronches, Van Damme est bien la seule et unique tête d'affiche du film qui se passe donc presque intégralement entre les murs de cette prison. Un unique décor et un casting qui traduisent un manque évident de moyens mais que Lam, avec la maîtrise qu'on lui connait, arrive assez bien à transcender. Au final, un film qui souffre en plus de quelques longueurs mais mérite qu'on s'y attarde, ne serait ce que pour sa violence frontale et la réalisation soignée malgré les soucis évidents de budget du réalisateur.
Belle idée de Metropolitan donc, de réunir ces deux films sur un seul bluray. Malgré tout ce que pourront dire les détracteurs de ce genre de productions, le sérieux et le professionnalisme de Ringo Lam et Jean Claude Van Damme transparaissent derrière chaque scène de ces deux films et les hissent sans mal au niveau de ce que l'acteur belge a fait de mieux dans sa carrière. Bien avant ses errements détévesques d'aujourd'hui qui relancent encore, du coup, l'intérêt qu'ils méritent.








