Devenu comme nombre de succès de la comédie musciale un grand spectacle à Broadway mais aussi la source d'un triste remake en 2011 que tout le monde a d'ors et déjà oublié, Footloose et son exhortation à la danse face à la peur et au replis, reste un grand moment du cinéma teen des années 80 et un vrai, bon, film culte.
Pour beaucoup Footloose c'est avant tout une grosse fête pop-rock comme seules les 80's pouvaient en délivrer chaque mois ou presque sur les écrans de cinéma. Une romance, une histoire de rébellion face à l'ordre établi, une célébration de l'adolescence donc, qui eu autant la chance, que la pertinence, de se promouvoir en premier lieu par son album fait de chanson inédites, mêlant rock, pop, un poil de R&B électro, un soupçon de New Wave et quelques slows enflammés, et qui réussirent à se hisser pour 6 d'entre-elles (pour 9 sur l'album!) au top du hit parade alors que les deux clips officiels tournaient en boucle sur la naissante MTV. Footloose c'est toute une époque. Celle ou Kevin Bacon, d'un charisme éclatant, n'était encore que la pauvre victime empalée de Vendredi 13 et Sarah Jessica Parker la petite binoclarde de Square Pegs. Surtout celle où l'on pouvait encore faire un divertissement léger, entraînant, tout en creusant admirablement ses personnages, même les seconds rôles toujours développés avec sincérités. Si le scénariste Dean Pitchford (Fame) a lui même écrit les textes de toutes les chansons, ce n'est pas un hasard, c'est qu'il a une vrai histoire à raconter. Celle d'une ville, faisant écho à la véritable Elmore City en Olklahoma où la danse fut interdite pendant presque cent ans, où le deuil est devenue une chape de plomb qui étouffe l'horizon, écrase la jeunesse et pousse les adultes à un totalitarisme inquiétant, jusqu'à l'autodafé.
Un message universel et intemporel opposant la peur adulte et la liberté juvénile. Derrière les musiques entraînantes, Footloose est empreint d'une profonde gravité et d'un regard sans fard sur le monde et sa violence plus ou moins sourde. C'est pour survivre à celle-ci, à l'injustice, aux névroses quotidiennes que les jeunes gens du film se jettent à corps perdu dans la danse. Comme Kevin Bacon se défoulant dans une usine désaffectée sur un « Never » rageux. Une séquence aussi inoubliable que les pieds qui dansent au son du tube Footloose en générique d'ouverture, les heures d'initiation avec un Christopher Penn droit comme un i ou le bal de promo libérateur et festifs qui conclue généreusement le "drame". Dans cette confrontation douce-amère entre deux générations, entre deux visions du monde, le plus attendrissant ne sera pourtant pas la romance avec la longiligne Lori Singer, mais cette rencontre avec le pasteur Moore et sa femme (sublimes John Lithgow et Dianne West). Un couple meurtri par la disparition de leur fils dans un accident de voiture (celui qui provoqua le couvre-feu justement), lui s'enfonçant dans une verve religieuse de plus en plus fondamentaliste, elle s'efforçant de le retenir avec douceur et amour. Le jeune (que l'on était) continuera de se déhancher en rêvant de rebellion salvatrice, le vieux (qu'on est devenu) continuera d'apprécier ce film pour sa justesse souvent bouleversante.



