Qui aime le cinéma étrange et bisseux de Jess Franco connaît forcément Lina Romay et ce sous toutes les coutures. Une grande histoire d'amour à la vie et à l'écran dont la rencontre s'est faite durant le tournage de Shining Sex, délire SF, très érotique et très euh... Jess Franco.
Réfugié depuis quelques temps déjà chez Eurociné, Jess Franco n'a pas eu de mal à se plier aux restrictions budgétaires et aux tournages express de la célèbre firme familiale. Ainsi Shining Sex fut tourné dans la foulée, voir en parallèle, d'un Midnight Party à l'équipe et aux décors presque identiques, et partage même plus ou moins son pitch initial. Celui d'une strip-teaseuse des plus volages qui pensant passer une soirée joyeusement délurée mais qui se fait kidnapper par des gangster dans l'un, et par des êtres venus d'une autre dimension dans l'autre. Plus exotique donc, Shining Sex imagine comment Alpha et Andros (Prenez la force du fruit ! ) transforme, grâce à une étrange crème brillante, une demoiselle plutôt joviale en prédatrice mutique usant de son sexe comme d'une arme tueuse. Érotique soit, mais où l'étreinte est toujours synonyme de domination, d'aliénation et de mort, le film retrouve les élans SM et sadien du réalisateur, mais annonce aussi sans le vouloir la fin de l'ère du sexe libre et l'apparition du SIDA. On n'est cependant ici assez loin du Rage de David Cronenberg, Franco préférant cultiver son habituel rythme lancinant, pour ne pas dire flottant et languissant, s'efforçant de transformer les décors futuristo-kitchs et touristiques de La grande Motte en théâtre contemplatif entièrement dévoué à la gloire de sa nouvelle égérie Lina Romay.
Déjà passée devant la caméra, et dans le plus simple appareil, de Franco pour Plaisir à trois, Célestine bonne à tout faire ou Les Gloutonnes, elle était alors encore en couple avec Raymond Hardy (autre habitué de la bande) avec lequel elle se livre ici d'ailleurs à une relation non simulée souvent coupée à l'export. Pourtant il semblerait que le rapprochement avec le réalisateur ait bien eu lieu, et la mise en scène de ce dernier ne cesse de témoigner d'une fascination totale pour le corps de la dame. Rarement vêtue, constamment explorée par une caméra caressante, Lina est exposée comme rarement dans un film. Les gros plans et zooms incessants sur son sexe rasé, recouvert de paillettes (pour figurer le fameux produit mortel), culminent même dans une séquence hallucinée où le Dr Seward (joué par... Jess franco) entre en communion avec la dite Cynthia, les deux semblant partager un orgasme mental alors que l'objectif multiplie les va et vient des plus suggestifs. On aurait presque l'impression de gêner... Beaucoup de passion, mais pas aussi présent à l'écran qu'on l'aurait voulu, Shining Sex, malgré ses bizarreries, reste trop sages sur ses ingrédients fantastiques, se perd comme souvent dans quelques balades improvisées, un jeu peu convaincant et de longes plages de silences amorphes. Les défauts récurrents des petits Jess Franco, mais qui pourtant réunis donnent aussi naissance à la plus jolie scène du film : une longue suite de caresses saphiques uniquement accompagnées d'un bruit de vent lointain. Simplement torride



