Il est des films dont l'affiche, entraperçue du coin de l'oeil durant nos pérégrinations vidéophages, restent pour toujours incruster sur nos rétines. Shock Waves, avec ses zombies géants aux grosses lunettes soulevant un yacht, est de ceux-là. Une authentique madeleine de Proust pour toute une génération VHS qui, malgré ses airs d'indéniable nanar, continue d'avoir son petit effet en bluray.
A la base du film, une simple idée : surfer sur la vague lancée, presque dix ans auparavant, par George Romero avec sa Nuit des Morts-Vivants mais, cette fois, avec des nazis. Une simple idée mais brillante. A tel point que, malgré l'absence d'un vrai scénario, le projet voit vite le jour et entre en tournage avec, à la barre, un réalisateur totalement inexpérimenté. Heureusement, deux grands noms vont vite s'accoler au projet : d'abord celui du grand John Carradine, figure mythique qui a bâti sa légende devant la caméra des plus grands, de John Ford à Woody Allen, et ensuite celui de Peter Cushing, visage émacié bien connu des amateurs de cinéma d'épouvante et label de qualité dans le genre. Deux têtes d'affiche arrivée là par la magie du billet vert et qui vont donner au film une bonne partie de son succès. A leur côté, enfin, la jeune Brooke Adams au début d'une belle petite carrière (on la retrouvera l'année suivante chez Terrence Malick) et qui elle assure le quota de chemisiers et de maillots échancrés. Tout est décidément bon pour attirer le chaland.
Mais ce qui va assurer le spectacle (et marquer les spectateurs de l'époque jusqu'à aujourd'hui) ce sont les zombies eux-mêmes. Soit une bande de soldats nazis enfuis lors de la déroute hitlérienne et venus s'échouer aux alentours des Antilles. Leur survie, des décennies plus tard, étant expliquée par le fait qu'ils soient issus d'une expérience scientifique en ayant fait des super soldats quasi immortels. Les enjeux (si on peut dire) étant donc posés, ne reste plus qu'aux méchants morts-vivants à se repaître de chair fraîche. Et c'est là où les maigres qualités de Ken Wiederhorn et les budgets rachitiques de la production se font cruellement ressentir. En guise de bonne idée de réalisation, on a donc droit à l'unique plan des zombies sortant de l'eau un nombre incalculable de fois, l'angle changeant n'étant là, probablement, que pour nous faire croire à leur nombre important (alors que les pauvres gars ne sont qu'une poignée). L'absence de scénario écrit se ressent aussi rapidement, dès lors que les touristes échouent sur une île et sont pris en chasse. Les incohérences se succèdent, les dialogues sonnent creux, les erreurs de montage sont légion et, surtout, les morts, sensées être sinon spectaculaires au moins marrantes, sont totalement sans intérêt.
Et pourtant. Pourtant, assez mystérieusement, ce qui aurait tout du nanar sans intérêt finit toujours par devenir affectueux. Comme un doudou tout pété, le film se regarde donc avec une vraie tendresse. Peut-être est-ce Carradine, Cushing ou les formes avantageuses de Brooke Adams. Ou bien le score de Richard Einhorn, qui mine de rien y va de sa petite atmosphère « carpenterienne ». Ou bien le visuel des nazis, réussi, quoi qu'on en dise. Toujours est-il que malgré tous ses défauts, Le Commando des Morts-Vivants conserve toujours son aura de nanar sympathique.




