Imaginé comme un retour en force de l'école hongkongaise du cinéma d'action, Raging Fire avec les stars Donnie Yen et Nicholas Tse est cependant devenu le film testament du réalisateur Benny Chan, décédé du cancer à la fin du tournage. Si la post-production s'est faite sans lui, l'objet reste un chaleureux hommage à son cinéma : divertissant, généreux voir explosif.
Certes Benny Chan (Shaolin, La Guerre des cartels) n'a jamais été l'un des grands génies du cinéma asiatique, mais il s'est immédiatement hissé au rang de ces sympathiques artisans de l'industrie signant des divertissement calibrés, honnêtes et parfois même remarquables comme lors de ses collaboration avec Jackie Chan pour Who Am I ? et New Police Story, célébrant bien souvent la nouvelle génération d'acteurs du cinéma chinois à l'instar de Donnie Yen, qu'il dirigea dans la série Fist of Fury et Nicholas Tse qu'il lança avec Gen X Cops. Raging Fire sonne alors comme des retrouvailles avec les deux acteurs, mais aussi avec une certaine idée du cinéma d'action honkongais. Si effectivement effets spéciaux numériques il y a, ils ne sont pas si nombreux et laissent largement la place à des cascades et performances physiques réelles et particulièrement impressionnantes. On ressent, comme trop rarement aujourd'hui, une véritable mise en danger des personnages et une intensité considérable dans leurs confrontations. Confiées à Donnie Yen, crédité comme Action Director, et au chorégraphe Kang Yu (Le Roi singe, Dragon Tiger Gate), les nombreuses scènes d'action s'avèrent aussi nombreuses qu'audacieuses, voir titanesques, avec un sacré défilé de cascades franchement dingues. Que ce soit une poursuite entre Donnie Yen et Nicholas Tse, l'un en voiture l'autre en moto dans une ville transformée en terrain de jeu totalement destructible, des fusillades sèches au bodycount implacable ou un ultime face-à-face passant des armes à feu, aux armes tranchantes pour s'achever au poings et aux projections sur les murs d'une église en ruine, Raging Fire semble même parfois cocher une à une les cases des possibles.
Tout y passe, mais toujours avec une admirable crédibilité physique et une précision rare dans le montage et la gestion de l'espace. Mention spéciale forcément à cette intense et haletant échauffouré entre Donnie Yen, qui porte le film à bout de muscles, et une armée de truands dans un bâtiments confiné où chaque porte, fenêtre, trappe est intégré dans le mouvement et la fluidité de la mise en scène, tandis que chaque objet peut devenir une arme contendante. Un flashback total dans la démesure des années 80, mais avec le budget bien plus confortable d'un film chinois actuel, qui permet d'ailleurs à Benny Chan de livrer enfin son hommage rêvé au Heat de Michael Mann. Une séquence de casse et de fusillade en pleine rue entre truands et service d'ordre qui n'a certes pas l'élégance et la puissance émotionnelle de l'original, mais qui déploie là aussi un savoir faire typiquement HK et un nombre de cartouches et de corps au sol largement plus important. Souvent jouissif, Raging Fire réussit cependant beaucoup moins bien son coup du côté de la dramaturgie et peine à véritablement impliquer le spectateur dans cette opposition meurtrière entre un flic incorruptible et ses anciens lieutenant passés du coté obscur. La faute à un scénario rabâché dont tous les enjeux sont systématiquement explorés en flashback larmoyants (et au ralenti SVP) et où la psychologie et les grands élans moraux restent au raz des pâquerettes comme un heroic bloodshed de série. On pourrait dire old school jusqu'au-bout.




