Petit film d'exploitation qui, comme beaucoup, a connu sa belle époque en VHS sous le titre L'Aube Sauvage, Savage Dawn (et oui pour une fois la traduction était bonne) revient en HD. De quoi se redorer un peu la patine et affirmer un divertissement bis qui dépote... et un Lance Henriksen qui casse des bras.
Bricolé dans un coin du désert du Texas, un film comme Savage Dawn sent bon le projet salvateur imaginé par des grands habitués du cinéma d'exploitation érotique. Le scénariste Bill Milling a bien œuvré comme producteur et réalisateur sur des X fauchés comme Ecstasy in Blue ou Blonde Velvet, tandis que le réalisateur Simon Nuchtern a fait ses premières armes sur les biens nommés To Hex with Sex et Love-In '72 avant de s'essayer au slasher boisé avec Silent Madness (projeté en 3D SVP !). Des habitués du cachet ric-rac et de la débrouille qui semblent ici avoir obtenu le plus gros budget de leur carrière se permettant, entre autre, d'afficher un méga casting de trognes de bisseux. Le vétéran George Kennedy (Y-a-t-il un flic pour sauver la reine ? mais pas que) manie le lance-rocket sur sa chaise roulante, l'abîmé Richard Lynch en prêtre défroqué et carrément libidineux, l'égérie Karen Black (Easy Rider, La Maison des 1000 morts) en groupie de bikers, le terrible William Forsythe (Extrême préjudice) en leader de gang aux ambitions démesurées et un Lance Henricksen surprenant en héros taiseux et castagneur. Pas encore révélé par ses rôles inoubliables dans Aliens et Aux frontières de l'aube, la future incarnation de la série culte Millenium campe un vétéran du Vietnam qui comme Rambo (First Blood est sorti trois ans plus tôt) découvre que le pays n'est plus ce qu'il était, ici livré aux gangs de pilleurs et de violeurs en tous genres.
Minéral, presque mutique, son Stryker est un croisement entre le donneur de coups de lattes de Roadhouse et un fantôme de l'ère du western, pas très loin des figures vengeresses de Clint Eastwood. Savage Dawn bouffe bien entendu à un peu tous les râteliers, faisant baigner son revival de film de bikers avec les codes de l'ouest sauvage et une bonne dose de post-apo à la Mad Max. Les hors-la-loi qui prennent le contrôle de la ville sont donc des Hells Angels punk qui n'hésitent pas à se dégotter un tank (au symbole phallique largement éprouvé à l'écran) pour faire taire les récalcitrants. Si les combats mano à mano sont pas toujours des plus convaincants, ressemblant surtout à des bagarres de cours d'école, et que l'on sent souvent que l'objet en garde trop sous la pédale question violence et barbarie, il procure cependant un plaisir indéniable. Sobrement mis en scène, simplement construit, mais finalement plutôt porté sur les personnages qu'il prend le temps de construire (merci au casting encore une fois) en particulier du coté des saligaud, Savage Dawn assure un spectacle franc du collier et particulièrement généreux (et on ne parle pas que des poitrines dénudées), n'hésitant pas à se lancer dans un assaut final explosif ravageant la moindre bâtisse et s'achevant par quelques bonnes rasades de lance-flamme sur les motards. Musclé et couillu mais jamais crétin, le film s'avère d'ailleurs parfaitement emballé par les participations étonnantes de Pino Donaggio (Hurlements, Body Double) et une surprenante photographie chaude et colorée signée par un Gerald Feil dont ses seules autres prouesses sont le montage de Sa Majesté des mouches et l'images de Vendredi 13 part.3. Si les moyens sont modestes et que le film n'a jamais été voué à une carrière mirobolante, on y passe un vrai bon moment.




