Après le succès de Le Tonnerre de dieu comédie bourrue sur la vie de couple entre Michelle Mercier et Jean Gabin, le duo formé par la star du cinéma français et l'un des artisans discrets du divertissement local, Denys de La Patellière, se reforme dans la foulée. Et cette fois-ci l'opération tourne au film de gangster international mâtiné d'Eurospy. Tout un programme.
Les bandes annonces ne sont pas toujours des modèles d'honnêteté et c'est particulièrement le cas pour Du Rififi à Paname au titre déjà si coloré, lorsqu'elle nous annonce à coups de thème musical yéyé, de split-screen dans tous les sens et d'échanges dialogués bien percutants un divertissement particulièrement relevé et nerveux. Un petit quelque chose qui résonne aujourd'hui comme une inspiration pour les OSS 117 nouvelle génération, mais que l'on ne retrouvera malheureusement que par petites bribes éparses tout au long du film. Adapté lui aussi d'un roman d'Auguste Le Breton (comme Razzia sur la chnouf, Le Clan des siciliens, Bob Le Flambeur...), cette coproduction européenne de luxe s'installe ainsi en premier lieu comme un bon vieux polar à l'ancienne, donnant à Jean Gabin la figure tutélaire de Paulo les diams, vieux truands et chef de gang à qui on ne l'a fait pas, qui se voit lui et ses allier (dont le toujours sympathique Ger Fröbe, coproduction allemande oblige) menacés par un ennemi inconnu qui commence à zigouiller les hommes de mains et à tenter de détourner les cargaisons de diamants de contrebande. L'occasion de faire intervenir l'incontournable George Raft en mafieux jouant de la pièce de monnaie comme dans le Scarface d'Howard Hawks, mais aussi de faire défilé quelques seconds rôles savoureux plus locaux comme Nadja Tiller en veuve lucide, Marcel Bozzuffi en homme de main efficace, Claude Brasseur en petit traitre, Daniel Ceccaldi en flic blasé ou la sublime Mireille Darc en escort girl un peu cruche.
Les Tontons flingueurs sont passé par là, et les dialogues d'Alphonse Boudard (Le Solitaire, Le Soleil des voyous) s'efforce d'y faire écho en renouant avec la gouaille des rues et les expressions bien frappées apportant un peu de décontraction dans un scénario, il faut l'avouer, assez embrouillé puisque voulant par-dessus ce programme déjà bien chargé insuffler une modernité plus Eurospy à l'ensemble. Détour alors par Tokyo (des chinoiseries qu'on nous dit), chambres d'hôtel de luxe et halls d'attente d'aéroport avec la mise en avant de Mike Coppolano faux journaliste et vrai agent américain infiltré comme homme de main, incarné par l'acteur mexicain Claudio Brook (L'Ange exterminateur, Permis de tuer...) censé donner un peu de panache à ces pseudo accents d'espionnage. Littéralement écrasé par la présence de Gabin, bien plus charismatique et attachant par sa droiture morale, le personnage déséquilibre encore un film qui ne sait plus trop sur quel pied danser. Là où les musiques yéyé de Georges Garvarentz (compère de Charles Aznavour) et les saillies verbales font songer à un divertissement décontracté, presque parodiques par moments (le faux curé armé de sa mitrailleuse), la caméra mollassonne et statique de Denys de La Patellière pencherait plutôt vers le vieux policier tranquille et déjà un peu daté. Le cul entre deux (trois ?) chaise, Du Rififi à Paname s'apparente presque à un best of des grands succès du patriarche Gabin, s'assurant alors un capital sympathie indéniable relevé par une dernière bobine beaucoup plus tendue et aux accents vengeurs bien sentis.



