"J'aime pousser les spectateurs à regarder le moindre détail, jusqu'à comprendre la vraie signification de tout ce qui se passe". Ainsi Jon Avnet présente-t-il La Loi et l'ordre dans une featurette présente sur le DVD. Et vu la qualité du métrage et la teneur de son inévitable twist, ces propos autosatisfaits ont largement de quoi laisser perplexe...
La Loi et l'ordre marque la troisième rencontre à l'écran, après Le Parrain 2 et Heat, de deux mastodontes du Septième Art, et plus particulièrement du cinéma policier : Robert De Niro et Al Pacino. Deux gloires que les années 2000 n'auront pas épargnées, l'un se perdant dans des comédies parfois limites (Mon beau-père, mes parents et moi), l'autre dans des thrillers psychologiques à bout de souffle (People I Know). Jon Avnet, fonctionnaire d'expérience de l'industrie hollywoodienne (le mollasson Red Corner avec Richard Gere, 9 épisodes de la série Boomtown), avait déjà achevé d'enterrer Pacino avec 88 minutes, première production A de la société Millenium Films d'Avi Lerner (récemment producteur du John Rambo de Stallone). Avi Lerner, un nom qui ne laissera pas indifférent les fans de cinéma Bis, puisque sa précédente compagnie, Nu Images, fit les beaux jours de Steven Seagal, Jean-Claude Van Damme, Chuck Norris et Dolph Lundgren. De Niro et Pacino nageant dans les mêmes eaux que les légendes de la tatane ? Dans les faits, on n'est pas loin d'un tel constat.
Rien, dans La Loi et l'ordre, ne fonctionne comme il devrait, la narration tentant d'emblée d'imposer ses icones vieillissantes comme des figures inattaquables du cinéma d'action. Le générique d'ouverture est en soi hilarant, décrivant l'entraînement hérculéen des deux héros (séance de tir où aucune balle ne sort du mille, musculation, course à pied et consorts). Ces deux super-flics sexuellement actifs (il faut voir Bob De Niro prendre en levrette Carla Gugino pour le croire) et au verbe facile (les dialogues sont fleuris, avec notamment une insulte qui restera dans les annales : "you fuckin' motha fuckin' fuck !") poursuivent donc tout ventre, botox et collagène dehors un tueur de racailles, dont l'ouverture souhaiterait nous révéler l'identité en la personne du flic grimaçant campé par notre bien-aimé Taxi Driver. Sûr de lui, Avi Lerner tente de brouiller les pistes et parsème son film d'indices à double-sens tellement hénaurmes qu'on finit par se moquer ouvertement de leur finalité. Finalité que les amateurs de films-puzzles auront déduite dès le premier quart-heure. Produit anachronique, filmé comme à la téloche et monté à la serpe (ça s'étire difficilement sur 92 minutes), La Loi et l'ordre respire la compromission et l'ennui, au point de ne communiquer qu'une profonde antipathie à son public. Preuve que certaines rencontres au sommet (remember Heat ?) se doivent de rester exceptionnelles.