S'il y a bien un genre purement japonais qui n'a jamais réussi à faire sa place sur le marché français, c'est bien le visual novel, sorte de roman interactif dont les ressorts principaux sont le dialogues et la recherche d'indice. Coup de chance, ça bouge un peu et après un encourageant Virtue's Last Reward, voici le plus fou de tous : Danganronpa.
Et qui dit visual novel, dit forcément une profusion de textes, entre récits et échanges verbaux, où viennent se cacher entre deux anecdotes, quelques notes d'humour ou des allusions dissimulées, les éléments essentiels à l'avancée dans l'aventure. Inutile de préciser que le soft affichant uniquement des textes en anglais (avec voix british ou japonaises), il faut tout de même avoir un niveau convenable pour ne pas s'y noyer. Mais cela vaudrait carrément le coup de se remettre à Harrap's, tant le jeu se révèle rapidement l'un des essais les plus délirant et marquant du genre. Jamais très loin du terrifiant Battle Royale ou du manga Doubt, Danganronpa plonge donc quelques lycéens censés être chacun les meilleurs dans leur partie (informatique, sport, mode, art-martiaux...) dans un établissement scolaire transformé en prison. Seule façon de s'en sortir : éliminer un camarade de classe s'en se faire prendre. Ce qui peut débuter au départ comme un thriller de Science-fiction (il y reviendra d'ailleurs), devient rapidement un authentique thriller inquiétant, un jeu de massacre où malgré la bonne foi de certains, les victimes et les assassins ne sont jamais là où ont les attend. C'est bien entendu le joueur qui tente d'y démêler le vrai du faux, dialoguant avec les survivants, scrutant le moindre indice sur les scènes de crimes et les autres pièces incriminées, recoupant les théories pour tenter d'être fin prêt au moment fatidique. Aux longues séquences scénarisées, prenant leur temps entre explorations et quelques temps libres question de récupérer des habilités inédites en sympathisant (merci Persona), répondent les électrisant « procès ». C'est l'occasion de vérifier si les spéculations étaient correctes et surtout d'assener dans d'authentiques duels verbaux, les vérités et les contres vérités en piochant parmi les différents éléments récoltés.
On pense forcément à la série des Phoenix Wright, mais si le titre de Capcom se complaisait dans une mécanique redondante et une ambiance bonne enfant, Danganronpa y préfère une tension palpable et une accumulation de mini-scénettes des plus originales : il y a les « Bullet Time Battles » où l'on doit viser les contradictions des autres pour les faire voler en éclat, il y a les questions à choix multiples, un étrange jeux de rythme visualisant les argumentations les plus rythmés, une BD a reconstituer pour vérifier les articulations des faits... Le tout s'agrémentant de chapitre en chapitre d'options empêchant la moindre monotonie. Une approche des plus inventives et efficaces qui révèlent les nombreuses qualités d'énigmes souvent digne d'un Sherlock Holmes, aux twists et rebondissements aussi surprenants que macabres. Car de ce coté là, le jeu n'y va pas avec le dos de la cuillère, mêlant des personnages typés manga, volontairement stéréotypés même, à des détails visuels et psychologiques particulièrement violents, sanglants. En résulte une ambiance très particulière, entre l'absurde grotesque et l'horreur pure, la parodie la plus ubuesque (geek ultime contre serial killer hystérique, Intelligence artificiel contre travestie refoulé) et le sadisme directe que personnifie à la perfection le maitre de cérémonie Monokuma, nounours à deux visages jubilant dans des exécutions misent en scène avec un réel sens de l'horreur graphique. Doté d'une esthétique maitrisée malgré une économie technique évidente (peu d'animations, couloirs vides...), d'un scénario passionnant et d'un gameplay redoutable, Danganrompa Trigger Happy Havoc est une expérience unique aussi terrifiante que drôle. Une petite bombe.






