Nombreux sont les joueurs qui avaient passé des jours entiers à parcourir les chemin d'Albion pour trouver une nouvelle compagne ou collecter nombre d'items parfaitement inutiles. Nombreux sont donc ceux qui attendaient un nouveau départ sur ces rives autrefois tumultueuses, qui évoqent désormais un peu trop La Croisière s'amuse.
Deux ans seulement séparent les sorties de Fable II et III, mais un demi-siècle s'est écoulé dans le royaume d'Albion. Un écart qui permet aux développeurs de Lionhead de plonger ce royaume féerique dans une révolution industrielle accentuant encore les différences de niveaux de vie entre les différentes populations, et donc d'assombrir la tonalité globale et rendre l'ensemble d'une apparence plus mature. L'apparence seulement puisque malgré le très bon équilibre de gameplay et de gestion d'expérience / équipement mis en place dans le chapitre précédent, le choix ici a été de simplifier le tout à l'extrême. Il suffit désormais d'accumuler des sceaux de guilde rémunérés autant pour avoir achevé une quête (principale ou secondaire) que pour avoir tissé des liens sociaux (bon ou mauvais). Une évolution pépère ou l'on dépense sans trop de prise de tête en ouvrant quelques coffres cachant en leur sein des améliorations magiques, de nouveaux comportements et autres techniques de combat. Les armes, réduites à leur plus simple expression, se contentent d'évoluer en fonction de l'alignement du personnage, achevant de rendre les combats de mêlée (plus nombreux que jamais) relativement faciles.
Une touche pour les coups d'épée, une autre pour les armes de distance (pas de limitation de munition) et enfin une dernière pour la magie (pas de jauge de mana, quatre type de sorts et basta), et le tout permet une débauche de puissance sans que le léger effet de tremblement dû à une perte trop importante de vie ne se fasse sentir. Pas désagréable, relativement efficace, mais comme la trame principale ne dépasse que de peu la dizaine d'heure, Fable III paraît parfois un peu juste aux encornures. Heureusement quelques nouveautés viennent égayer cette version soft de la création de Peter Molyneux (Populous, Syndicate, Dungeon Keeper) à commencer par le Sanctuaire, sorte de menu véritablement interactif où sont répertoriés toutes les défroques collectées, armes, cadeaux reçus, permettant tout autant d'inviter un camarade du Live pour une partie en binôme (avec cette fois-ci deux caméras indépendantes) que de voyager rapidement d'un point à un autre, de faire un tour de ses propriétés ou d'en augmenter l'étendue. Plus attendue, la vraie grande nouveauté de Fable III prend corps dans son dernier tiers lorsqu'après avoir réuni suffisamment de partisans, le héros choisi (homme ou femme) prend finalement le pouvoir. Là, le joueur doit jongler avec la réalité du poste et les nombreuses promesses faites au cours de l'aventure, tandis qu'une menace gronde aux frontières.
Prometteur mais rapidement très manichéen, ce passage dans le fauteuil doré s'avère terriblement court et se limite à quelques décisions trop engoncées. Une expérience en demi-teinte qui caractérise cruellement un épisode qui n'a peut-être pas pris le temps nécessaire pour mûrir, mais qui heureusement préserve l'essentiel de ce qui avait séduit dans la saga : des discussions improbables avec la population des différents villages, des quêtes totalement absurdes (rejouer une pièce de théâtre minable devant des fantômes médusés, courir après des nains de jardin...), la possibilité de séduire et épouser homme ou femme, ou plus sommairement d'organiser une partie fine à l'hôtel. L'enchaînement de situations improbables, de dialogues aussi poétiques que crétins et de créatures limitées du bulbe véhicule une magie étrange, mais irrésistible. Dommage d'ailleurs à ce sujet que les français doivent se contenter d'un doublage moyen et parfois désincarné, alors que la version originale frôle le cultissime : Simon Pegg (Shawn of the Dead), Stephen Fry (H2G2), Ben Kingsley (A.I.) et surtout un John Cleese (maître des Monthy Python) en très grande forme... Qui dit mieux ?




